Description:
Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle reviennent sur les bases du compte d'épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) et donnent à leurs auditeurs quelques idées de planification.
Ils perpétuent également leur tradition annuelle et passent en revue la 15e édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales.
Lire le script:
Introduction :
François Doyon La Rochelle: Bienvenue à Sujet Capital, un Balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme.
Vos hôtes pour ce Balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital.
Au programme aujourd’hui pour l’épisode #52 :
Pour notre premier sujet, nous ferons la revue et commenterons le nouveau le compte d'épargne libre-d ‘impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP)
Et ensuite, pour notre sujet principal, nous ferons la revue de la 15eme édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales.
Bonne écoute !
Le nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété CELIAPP :
François Doyon La Rochelle: Dans notre premier sujet d'aujourd'hui, on va revoir et commenter le compte d'épargne libre-d‘impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP). C'est un sujet qu’on a abordé dans l'épisode #45 de ce podcast en octobre 2022 mais depuis le 1er avril, puisque la législation qui régit ce type de comptes est entrée en vigueur, il est maintenant disponible. Donc on a pensé que c'était le bon moment pour revoir les bases et vous donner quelques idées de planification.
James Parkyn: Effectivement, pour un bon nombre de nos clients et de nos auditeurs, il s'agit d'un sujet chaud qui mérite notre attention puisqu'il s'agit probablement de l'allégement fiscal le plus important jamais offert pour aider les Canadiens à économiser de l'argent en franchise d'impôt pour l'achat de leur première maison.
François Doyon La Rochelle: Je suis totalement d'accord avec ça, donc je vais commencer en rappelant à nos auditeurs les bases du fonctionnement du CELIAPP. La première question à se poser est, qui peut ouvrir un CELIAPP? Alors, pour pouvoir ouvrir un CELIAPP, vous devez être un résident fiscal du Canada âgé de 18 à 71 ans. De plus, vous ou votre partenaire ne pouvez pas avoir été propriétaire d'une maison au cours de l'année civile en cours lors de l’ouverture ou de l'une des 4 années civiles précédentes.
James Parkyn: Il y a une nuance intéressante ici à souligner qui est que, bien que vous ne puissiez participer qu'une seule fois au programme, si vous êtes maintenant locataire, mais que vous étiez propriétaire, disons il y a 6 ans, vous pourriez toujours vous qualifier en tant que premier propriétaire et ouvrir un compte.
François Doyon La Rochelle: Effectivement et une fois que vous avez ouvert votre compte, vous pouvez cotiser jusqu'à 8 000 $ par année jusqu'à un maximum à vie de 40 000 $. Si vous ne cotisez pas la totalité des 8 000 $ au cours d'une année donnée, vous pouvez reporter la portion inutilisée de vos droits de cotisation jusqu'à un maximum annuel de 8 000 $. Ça veut dire que si vous cotisez moins de 8 000 $ une année, vous pouvez cotiser votre montant inutilisé au cours d'une année future. Par exemple, si vous ouvrez un CELIAPP en 2023 et que vous cotisez seulement 4 000 $, en 2024, vous serez autorisé à cotiser 12 000 $. C’est-à-dire 8 000 $ pour 2024 plus les 4 000 $ pour vos droits de cotisation inutilisés pour 2023. Ce qui est intéressant ici c’est, comme pour le REER, vos cotisations sont déductibles d'impôt, ce qui veut dire que tout montant que vous versez sera déduit de votre revenu imposable, ce qui réduira votre impôt sur le revenu.
James Parkyn: Une stratégie de planification intéressante avec la CELIAPP pour les épargnants précoces qui commencent tout juste leur carrière et qui ne gagnent peut-être pas encore beaucoup d'argent, est que vous n'avez pas à demander de déduction au cours de l'année d'imposition où vous avez versé votre contribution. Votre montant cotisé peut être reporté et déduit dans une année ultérieure lorsque votre revenu sera plus élevé. De cette façon, vous pouvez obtenir une déduction fiscale plus importante pour votre contribution. Aussi, pour les parents qui souhaitent aider leurs enfants adultes à acheter leur première maison, puisque les règles d'attribution ne s'appliquent pas, ils peuvent donner de l'argent à leurs enfants pour leurs contributions.
François Doyon La Rochelle: De plus, les cotisations à un CELIAPP n'ont aucun impact sur vos droits de cotisation à votre REER. Donc, si quelqu'un a la chance d’avoir les fonds nécessaires, il peut cotiser aux deux types de comptes et utiliser le remboursement d'impôt pour cotiser à son CELI. C’est important de comprendre par contre, qu’une fois que vous avez ouvert votre CELIAPP, il ne peut rester ouvert qu’un maximum de 15 ans ou jusqu'à la fin de l'année ou le titulaire du compte atteint l’âge de 71 ans. À ce moment, si les fonds n'ont pas été utilisés pour acheter une première maison, ils peuvent être transférée en franchise d'impôt dans un REER ou un FERR ou tout simplement être retirée.
James Parkyn: Dans la plupart des cas on ne recommanderait pas de retirer les fonds car le montant retiré serait ajouté à votre revenu et imposé. Ceci dit, puisque le transfert à un REER n'aurait pas d'impact, ni ne serait limité aux droits de cotisation au REER d’une personne, il y a une autre idée de planification intéressante ici pour les locataires. Ceux qui pensent être locataires à vie, qui n'ont pas l'intention d'acheter une maison et qui ont maximisé leurs REERs, pourraient ouvrir un CELIAPP et maximiser leurs contributions. De cette façon, étant donné que les fonds accumulés dans un CELIAPP peuvent être transférés en franchise d'impôt dans un REER ordinaire, les locataires à vie généreraient effectivement 40 000 $ supplémentaires de droits de cotisation au REER.
François Doyon La Rochelle: Ce que tu viens d’expliquer James c’est effectivement une façon déjouer système avec ce nouveau programme. Même dans le cas que vous n'êtes pas sûr d'acheter une maison dans le futur, il n'y a pas beaucoup d'inconvénients à ouvrir un compte et à verser les cotisations, car au final, si vous n'achetez pas de maison, vous pouvez transférer les fonds accumulés libre d'impôt à votre REER ou FERR. Donc, si vous n'avez pas les fonds nécessaires pour cotiser à la fois au CELIAPP et au REER, il serait logique de placer d'abord de l'argent dans le CELIAPP. Maintenant, puisqu’on parle de REER, si vous aviez l'intention d'utiliser les fonds accumulés dans votre REER pour acheter votre maison avec le Régime d'accession à la propriété (RAP), vous serez heureux d'apprendre que vous pourrez maintenant utiliser les fonds des deux types de comptes pour acheter votre maison. A titre de rappel, au début, lorsque la loi a été présentée, vous ne pouviez pas combiner l’argent du CELIAPP et celle du REER par l’entremise du RAP, maintenant c’est possible.
James Parkyn: C'est énorme puisque les acheteurs potentiels d'une première maison pourraient ajouter un autre 35 000 $ d'acompte avec le RAP.
François Doyon La Rochelle: Oui, c'est très intéressant, cependant contrairement au CELIAPP, le montant retiré de votre REER avec le RAP doit être remboursé dans un délai de 15 ans, à compter de la deuxième année suivant l'année du premier retrait. Donc, le RAP c'est essentiellement seulement un moyen d'emprunter de l'argent de votre REER.
James Parkyn: Exact, et dans tous les cas, je recommanderais à quiconque qui est éligible d'ouvrir un CELIAPP de le faire le plus tôt possible pour bénéficier d'une croissance composée libre d'impôt. Si vous ouvrez votre compte tôt et que vous versez la contribution maximale chaque année, vous pourrez alors investir vos fonds de manière plus agressive puisque le compte peut rester ouvert jusqu'à 15 ans avant que vous n'ayez besoin de le décaisser pour acheter une maison ou de le transférer à votre REER ou FERR.
François Doyon La Rochelle: Oui, en investissant le maximum tôt, soit 8 000 $ par année pendant les cinq premières années pour un total de 40 000 $ à un taux de croissance annuel de 6 %, vous pourriez avoir environ 85 000 $ dans 15 ans. Si vous combinez ce montant avec le RAP de 35 000 $, ça fait un total de 120 000 $ en mise de fonds. Si vous avez un partenaire qui a été aussi économe que vous, c'est 240 000 $ qui pourraient être disponibles pour un acompte pour l’achat de votre maison.
James Parkyn: Oui, et encore une fois, quels que soient vos objectifs de placement, la clé c’est de laisser la magie de la capitalisation opérer pour vous. Plus tôt vous commencez, mieux vous vous retrouverez à long terme.
François Doyon La Rochelle: James, il y a de nombreux jeunes épargnants qui se demandent quel compte priorisé quand ils commencent? Le CELI, le CELIAPP ou le REER et pour ceux qui fondent une famille et qui ont des enfants on peut même ajouter le REEE. Que recommandes-tu à ces jeunes épargnants qui ont des objectifs différents et concurrents pour leur épargne et qui ne peuvent pas contribuer à tous ces types de comptes?
James Parkyn: Bonne question François. La réponse pour moi est probablement de faire votre CELI d'abord parce qu'il offre le plus de flexibilité, dans le sens qu'il n'y a pas de conséquences fiscales sur les fonds retirés de ce type de compte parce que vous pouvez remettre le montant retiré durant l'année d'imposition suivante. Il y aura beaucoup de promotion autour du CELIAPP et de la déductibilité fiscale des contributions, mais si pour une raison quelconque vous devez retirer les fonds, ils seront entièrement imposables et vous n'aurez pas la possibilité de remettre les fonds dans le compte. Donc, ce n’est pas une solution qui convient à tout le monde. Si vous êtes sûr d'acheter une maison et que vous disposez de revenus suffisants pour demander la déduction, le CELIAPP sera une excellente option. Vous pourriez même envisager de retirer de l’argent de votre CELI et de l'utiliser pour faire votre contribution au CELIAPP ensuite avec les économies d'impôt du CELIAPP vous pourriez remettre l’argent dans votre CELI.
François Doyon La Rochelle: Enfin, pour le moment, il n'y a qu'une poignée d'institutions financières qui offrent actuellement ce type de compte. Quand j’ai vérifié, Questrade, la Banque Royale et la Banque Nationale étaient les seules à l'offrir mais vous pouvez être certain que les autres institutions suivront dans les mois à venir.
James Parkyn: Enfin, si vous êtes présentement sur le point de faire l'achat d’une maison, puisqu'il n'y a pas de période de détention avant de pouvoir retirer les fonds de votre CELIAPP pour acheter une maison, vous pourriez techniquement ouvrir un compte aujourd’hui, faire votre contribution maximale pour l'année pour obtenir un remboursement d’impôt et ensuite retirer l'argent le lendemain si nécessaire.
François Doyon La Rochelle: Oui, c'est un bon point James, merci!
Revue du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classe d’actifs mondiales :
François Doyon La Rochelle: Notre sujet principal aujourd'hui est la revue de la 15eme édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales. Nos auditeurs réguliers savent que c'est une tradition annuelle. L'année dernière, nous avons consacré beaucoup d'efforts à la préparation de notre podcast n°38, dans lequel on a revu l'édition 2022. Nous recommandons à nos auditeurs de le réécouter car le contenu (l'impact d'une inflation élevée sur les actions et les obligations et une mise à jour sur les avantages de la diversification internationale) est toujours très pertinent par rapport à ce qui se passe aujourd'hui sur les marchés financiers. James, pourrais-tu présenter à nos auditeurs les faits saillants et expliquer le but du rapport?
James Parkyn: Absolument, pour ce qui en est du but de ce rapport, je citerai l'introduction : "Le Rapport documente les rendements à long terme des classes d’actifs mondiales sur plus d'un siècle, soit depuis 1900. L'un des principaux objectifs de ce rapport est d'aider les investisseurs à comprendre les marchés d'aujourd'hui à travers le prisme de l'histoire financière." Le rapport détaille les rendements et les risques liés aux investissements en actions, obligations, liquidités, devises et facteurs dans 35 pays et dans cinq indices composites différents. Il est produit en collaboration avec des historiens financiers renommés de la London Business School, les professeurs Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton, qui produisent la base de données DMS. Ils sont également les co-auteurs du livre "The Triumph of the Optimists" publié en 2003.
François Doyon La Rochelle: La révision de ce rapport est une lecture annuelle incontournable pour nous. J'ajouterais que c'est aussi un élément essentiel de la mission de notre podcast qui est de partager avec nos auditeurs les recherches fondées sur des preuves académiques. James, je vais commencer par te poser les deux mêmes questions que l'année dernière. Premièrement, pourquoi, en tant que gestionnaire de portefeuille, trouves-tu le rapport utile ?
James Parkyn: François, notre discipline, comme nos auditeurs réguliers le savent bien, est d'investir avec " l'état d'esprit de l'investisseur, axé sur le long terme ". Nous ne voulons pas nous laisser distraire par le bruit à court terme des médias financiers et par la récente volatilité des marchés. Ce défi est de taille et s'applique à tous les investisseurs, y compris les professionnels. Nous l'avons souvent répété dans notre podcast : "C'est simple à dire mais pas facile à faire : Nous devons toujours être conscients que nous pouvons tomber dans le piège d'essayer de "prévoir l'avenir". C'est pourquoi selon moi le rapport est si utile pour les gestionnaires de portefeuille. Il nous aide à mettre en contexte les événements actuels des marchés financiers par rapport à son historique à long terme.
François Doyon La Rochelle: Je suis d'accord, après tous les événements économiques et géopolitiques majeurs de l'année dernière, il est crucial de prendre un temps d'arrêt et de remettre en perspective l'histoire des marchés financiers pour apprécier l'importance de la gestion du risque.
James Parkyn: Le rapport 2023, comme tous les rapports précédents, aborde la question de la nécessité d'une perspective à long terme afin de mieux comprendre le risque et le rendement des actions et des obligations. Les événements de 2022 auraient dû rappeler aux investisseurs qu’ils doivent toujours rester aux aguets. Larry Swedroe, auteur financier américain qu’on cite souvent, l'a bien dit dans son article "Lessons from the Markets in 2022". Sa première leçon pour 2022 est la suivante : "Ce n'est pas parce qu'une chose ne s'est pas produite qu'elle ne peut pas se produire ou qu'elle ne se produira pas.
François Doyon La Rochelle: J'en viens maintenant à ma deuxième question, James : quels sont les points forts du rapport de cette année ?
James Parkyn: Pour répondre à ta question, je crois qu’il y a cinq points forts dans le rapport de cette année. Mon premier point fort est qu'ils insistent sur l'importance d'une perspective à long terme et donc d'une appréciation des lois du risque et du rendement des actions et des obligations. Cela commence par l'explication du fait que même 20 ans de données sont une période trop courte pour être utile à la prise de décisions en matière d'allocation d'actifs.
Je cite un extrait du rapport : "La volatilité des marchés signifie que, même sur de longues périodes, nous pouvons encore connaître des rendements "inhabituels". Prenons l'exemple d'un investisseur qui, au début de l'année 2000, se serait penché sur le rendement annualisé réel de 10,5 % des actions mondiales au cours des 20 années précédentes et l'aurait considéré comme un historique "à long terme", et donc comme une indication pour l'avenir. Mais au cours de la décennie suivante, notre investisseur aurait obtenu un rendement réel négatif de -0,6 % par an sur les actions mondiales".
François Doyon La Rochelle: C'est tout à fait vrai et c'est pourquoi il est si important de faire attention au "biais de récence". Le rapport parle également d'une perspective à long terme pour les obligations. Qu’est-ce que le rapport dit, James ?
James Parkyn: Je rappelle à nos auditeurs que pour la plupart des investisseurs, le biais de récence est basé sur ce qui s'est passé l'année dernière. Le rapport plaide en faveur d'un horizon temporel beaucoup plus long. Ainsi, pour répondre à ta question sur les obligations, je partage une autre citation du rapport : « De longues périodes historiques sont également nécessaires pour comprendre les rendements des obligations. Au cours des 40 années qui se sont écoulées jusqu'à la fin de 2021, l'indice obligataire mondial a fourni un rendement réel annualisé de 6,3 %, ce qui n'est pas très éloigné des 7,4 % des actions mondiales. » Je pense et le rapport supporte qu’il serait insensé d'extrapoler des rendements obligataires de cette ampleur dans le futur. Le rapport poursuit et je cite : « Ces 40 années ont été un âge d'or pour les obligations, tout comme les années 1980 et 1990 ont été un âge d'or pour les actions. En fait, le rendement réel des obligations mondiales en 2022 était de -27 %. »
François Doyon La Rochelle: Il est très difficile, voire impossible, de prévoir et d'anticiper avec succès les changements de direction du marché. Dans notre dernier Podcast #51, nous avons abordé les résultats de la gestion active vs passive pour 2022. La pire catégorie sur les 20 répertoriées était l'immobilier mondial avec un taux de réussite de seulement 20 %, elle a été légèrement dépassée par la catégorie des obligations d'entreprise avec un taux de réussite de 22,6 % qui elle-même a été légèrement battue par la catégorie des marchés émergents avec un taux de réussite de 23,4 %. La grande majorité des gestionnaires actifs ont donc très mal performés par rapport aux fonds passifs dans ces classes d'actifs.
James Parkyn: Exactement. Mon deuxième point fort du Rapport 2023 est lié au premier, et je cite : "La prime de risque reçue historiquement en investissant dans les actions et les obligations par rapport aux bons du Trésor, existe pour une raison. C’est un rendement additionnel nécessaire pour la prise de risque liée à la volatilité négative. » Comme nos auditeurs le savent bien, nous avons connu quatre marchés baissiers des actions depuis 2000 et nous devons être payés pour prendre un tel risque.
François Doyon La Rochelle: C'est tout à fait logique quand on pense à 2020, avec la pandémie, le monde a connu son troisième marché baissier en moins de 20 ans. Les marchés ont ensuite connu une reprise remarquable et la volatilité a de nouveau diminué. Cependant, en 2022, la volatilité a de nouveau augmenté, et les actions comme les obligations ont fortement chuté en raison des inquiétudes liées à l'inflation et à la hausse des taux, ainsi qu'à la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il s'agissait du quatrième marché baissier depuis 2000. Le rapport explique comment la diversification dans un portefeuille peut réduire ces risques.
James Parkyn: Oui, mais pour bénéficier de la valeur ajoutée de la diversification, un investisseur doit accepter que ça se fait sur le long terme et qu’il peut être déçu à court terme. Le rendement négatif historique en 2022 de l'allocation classique équilibrée 60/40 actions/obligations en est le parfait exemple.
François Doyon La Rochelle: À mon avis, ce point a également été soulevé dans le rapport de l'année dernière, à savoir que les corrélations négatives entre les actions et les obligations n'étaient pas la norme à long terme. Le rapport indique clairement que les actions et les obligations ont eu une corrélation historiquement positive et que les 20 dernières années de corrélation négative avant 2022 n'étaient pas la norme.
James Parkyn: Nous avons beaucoup abordé ce sujet dans les derniers podcasts. Encore une fois, les investisseurs doivent avoir une vision à long terme. Mon troisième point fort du rapport 2023 est le thème de la stagflation.
François Doyon La Rochelle: Pour nos auditeurs il serait peut-être bon de préciser que la stagflation est un terme issu des année 70, début 80, qui caractérise une économie avec une faible croissance, un taux de chômage élevé et accompagné d’une forte inflation.
James Parkyn: Le rapport met en garde qu'il y a un "consensus sur le fait que les conditions reviendront à la normale avec le rétablissement d'une faible inflation". Il cite les universitaires Arnott et Shakernia : "Un regard plus attentif sur l'histoire mettrait en évidence la rareté de ce phénomène. Selon eux, il s'agirait d'un résultat du "meilleur quintile", le "pire quintile" étant la persistance de l'inflation pendant une décennie.
François Doyon La Rochelle: Pour moi, ce point suppose qu’on peut prévoir l'avenir, et précisément la direction des taux d’inflation, et par le fait-même comment les marchés financiers vont réagir.
James Parkyn: Je suis d'accord, mais le rapport montre que l'inflation et les taux d'intérêt pourraient ne pas baisser aussi rapidement que prévu si on se base sur la perspective à très long terme des données DMS qui sous-tendent le rapport. Mon quatrième point fort est le sujet dans lequel le rapport aborde la grande question : "Qu'est-ce qu'une couverture contre l'inflation ?" Par exemple, la plupart des investisseurs pensent que les actions constituent une protection contre l'inflation. Le rapport fournit de nombreuses preuves que les actions, ainsi que les obligations, ont tendance à enregistrer des performances médiocres lorsque l'inflation est plus élevée. Il souligne également que les actions et les obligations affichent de moins bonnes performances pendant les périodes des hausses des taux d’intérêt.
François Doyon La Rochelle: Les actions ne sont pas, comme on le prétend souvent, la meilleure protection contre l'inflation. Le rapport montre bien que "les rendements se détériorent autant pour les actions que pour les obligations lorsque l'inflation augmente". Le rapport montre également que "les actions se sont particulièrement bien comportées en termes réels lorsque l'inflation était faible". Par contre, en période de déflation, les actions ont en fait "produit des rendements inférieurs à ceux des obligations gouvernementales". Nous en avons discuté dans le Podcast n°38 de l'année dernière.
James Parkyn: Oui, nous en avons discuté, et le rapport 2023 souligne ce point encore très clairement cette année, en s’appuyant sur les données à long terme concernant les rendements des actions. Je cite : « Bien que les actions aient enregistré d'excellents rendements à long terme, elles ne sont pas et n'ont jamais été la protection contre l'inflation que de nombreux observateurs ont suggérée. » Malgré cela, on pense généralement que les actions doivent être une bonne couverture contre l'inflation dans la mesure où elles ont eu des rendements à long terme supérieurs à l'inflation. Toutefois, leur rendement élevé ex post (après coup) s'explique mieux par une prime de risque élevée pour les actions. La nuance essentielle est la suivante : « Il est important de faire la distinction entre battre l'inflation et se couvrir contre l'inflation. »
François Doyon La Rochelle: Les rendements des marchés financiers en 2022 l'ont prouvé. Les actions ont baissé au cours d'une année d'inflation élevée. Le rapport explique que "la plupart des professionnels de la finance sont trop jeunes pour se souvenir d'une période avec une inflation élevée, de marchés obligataires baissiers et des années où les actions et les obligations ont fortement baissé ensemble".
James Parkyn: Le rapport fournit l'analyse à long terme nécessaire pour mettre les événements de 2022 en contexte. Je vais maintenant partager mon cinquième et dernier point fort, lorsque le rapport aborde le thème des commodités en tant que classe d'actifs et l'avantage de les détenir en période d'inflation.
François Doyon La Rochelle: On entend beaucoup parler qu'investir dans les commodités offre une couverture contre l'inflation et qu’elles ne sont pas corrélées avec les actions et les obligations. C’est quoi le rôle joué par les commodités en tant que classe d'actifs ? est-ce qu’elles offrent une couverture contre l'inflation que les actions n'offrent pas ?
James Parkyn: Je cite un extrait du rapport : "Une des conclusions clés à retenir, très pertinente aujourd'hui alors que les stratégies 60/40 actions/obligations ont déçu les investisseurs, est que les contrats à terme sur les commodités s'avèrent être un "diversifiant", étant négativement corrélés avec les obligations, faiblement corrélés avec les actions et statistiquement une couverture contre l'inflation elle-même." Cependant ils poursuivent en disant que : "Le problème est que la taille limitée de la classe d'actifs, fait en sorte que ce n’est pas une solution d’investissement. » C'est donc une bonne chose en théorie, mais ce n'est pas réaliste autant pour les investisseurs institutionnels que pour les particuliers.
François Doyon La Rochelle: James, tu fais référence ici des contrats à terme sur les commodités mais il est intéressant aussi de soulever que le rapport s'est également penché sur l'investissement direct dans les commodités.
James Parkyn: Les conclusions du rapport indiquent que l’achat de commodités directement n'offrent pas de couverture contre l'inflation. Je cite : « Nous constatons que les investissements dans les commodités individuelles ont eux-mêmes produit des rendements à long terme très faibles. »
François Doyon La Rochelle: Le rapport contient d'autres éléments importants : Comme on le dit régulièrement à nos auditeurs dans notre podcast, l'histoire peut fournir des indices sur l'avenir, mais il convient d'être prudent en matière de prévisions.
James Parkyn: Oui, les résultats du rapport sont des moyennes à long terme couvrant de nombreuses conditions économiques différentes. En effet, les actions et les obligations sont volatiles et les rendements varient considérablement d'une année sur l'autre. Comme nous l’avons dit au début du podcast, nous avons besoin de séries chronologiques très longues pour tirer des conclusions sur les rendements des investissements. Le rapport du Crédit Suisse nous démontre que même une période de 20ans n’est souvent pas assez longue.
François Doyon La Rochelle: James, pour conclure, compte tenu des enseignements tirés de ce rapport et du contexte de hausse des taux d'intérêt et d'inflation élevée mais qui est en lente diminution, comment les investisseurs devraient-ils envisager leurs portefeuilles aujourd'hui ?
James Parkyn: François je crois qu’il est approprié de répéter la conclusion de notre podcast n° 38 sur le rapport 2022. Il est également important de se rappeler que la hausse des taux et l'inflation élevée ne sont que deux facteurs de risque auxquels les investisseurs sont confrontés. Les investisseurs en actions ont connu des périodes où les actifs sûrs, c’est à dire les obligations et les liquidités, ont été de bons contrepoids à la volatilité des actions. N'oubliez pas qu'il existe plusieurs risques différents contre lesquels vous essayez de vous défendre. Il y aura des périodes où les obligations seront vraiment très utiles. Je recommande à nos auditeurs de toujours réfléchir à leurs objectifs à long terme, à leur profil de risque, à leur capacité à prendre des risques et à leur horizon temporel. En plus ils devraient considérer leurs plans de décaissement de leurs portefeuilles. Tous ces éléments devraient être considérés dans leurs réflexions concernant la structure de leurs portefeuilles.
François Doyon La Rochelle: Pour conclure, je citerai un extrait du rapport : "Les mauvaises années arrivent et, lorsqu'elles se produisent, il est réconfortant de se rappeler les résultats à long terme d’avoir un portefeuille diversifié mondialement. Pour les investisseurs en actifs à risque, en particulier dans les actions, les résultats à long terme représentent vraiment le triomphe des optimistes."
James Parkyn: C'est une excellente citation, François, et j'espère que nos auditeurs s'en inspireront. Par ailleurs, nous espérons que la récente fusion d'UBS et du Crédit Suisse en une méga-banque ne mettra pas un terme à ce rapport et qu’il y aura une édition 2024.
Conclusion :
François Doyon La Rochelle: Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir.
James Parkyn: il m’a fait plaisir Francois.
François Doyon La Rochelle: Hé bien c’est tout pour ce 52ième épisode de Sujet Capital! Nous espérons que vous avez aimé.
N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com
De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP.
Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode qui sortira le 8 juin.
A bientôt!
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- Global Investment Returns Yearbook 2023 – Credit Suisse (credit-suisse.com) par Le Credit Suisse
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