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Sujet Capital

Sujet Capital, votre balado qui vous explique le monde du placement de façon simple, vous offre des idées pour la gestion de votre portefeuille, le tout dans une ambiance décontractée. Retrouvez James Parkyn, François Doyon La Rochelle tous les mois.
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L’investissement décomplexé vous offre des idées pour la gestion de votre portefeuille en compagnie d’experts chevronnés. Nous expliquons le monde du placement de façon simple, dans une ambiance décontractée.

PWLCapital

Nov 22, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle commenceront par discuter les stratégies de planification fiscale de fin d’année pour les investisseurs.

Ensuite, ils accueilleront Raymond Kerzerho, chercheur principal chez PWL Capital, pour discuter de son dernier blogue sur les principaux régimes de retraite du Canada.

Lien à partager : 

Oct 25, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle vont aborder les raisons pour lesquelles ils préfèrent utiliser des FNBs ou des fonds communs de placement de marché total pour construire leurs portefeuilles.

Pour leur deuxième sujet, il discute un point sensible pour tous les Canadiens : Les impôts !

L'augmentation des impôts pour les personnes aux revenus les plus élevés, est souvent proposée comme une solution pour générer des revenus supplémentaires afin de réduire les inégalités au Canada.

 

Lien à partager :

Sep 27, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle commencent le balado aujourd’hui par donner un bref aperçu du fonctionnement du régime enregistré d’épargne-études et des meilleures stratégies pour optimiser les retraits de votre REEE de la manière la plus avantageuse. 

Pour leur deuxième sujet, ils se penchent sur la composante actions de votre portefeuille et le degré d’exposition aux actions mondiale que vous deviez avoir. 

Lien à partager : 

- Épisode 23 : Le coût élevé d’investir avec les fonds de couverture — Sujet Capital par James Parkyn, Raymond Kerzérho & François Doyon La Rochelle 

- Global equity investing: The benefits of diversification and sizing your allocation (vanguard.com) par Scott J. Donaldson, Harshdepp Ahluwalia, Giulio Renzi-Ricci, Victor Zhu & Alexander Aleksandrovich Vanguard 

Aug 2, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle commencent le balado aujourd’hui par la revue des statistiques de marché en date du 30 juin 2023 puis update leurs auditeurs sur l’inflation.

-Statistiques de marché – Juin 2023: https://www.pwlcapital.com/wp-content/uploads/2023/07/2023-06_PDL-Capital_Market-StatsFRE-2.pdf 

 

1) Introduction:

François Doyon La Rochelle : Bienvenue à Sujet Capital, un Balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme.

Vos hôtes pour ce Balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital.

 

Au programme aujourd’hui pour l’épisode #55 :

- Pour notre premier sujet, nous ferons la revue et commenterons les statistiques de marché pour l’année en date du 30 juin.

- Et ensuite, pour notre second sujet, nous ferons une mise à jour sur l’inflation.

- Veuillez aussi noter, avant que nous passions à nos sujets, que nous prendrons une pause estivale. Nous serons de retour pour notre prochain épisode le 28 septembre.

Bonne écoute !

 

2) Revue semestrielle des marchés :

François Doyon La Rochelle : Je vais commencer notre Balado aujourd'hui par la revue des statistiques de marché en date du 30 juin 2023.

Après une année 2022 très difficile, une année au cours de laquelle presque toutes les classes d'actifs ont enregistré des pertes importantes, je suis sûr que nos auditeurs vont être soulagés et heureux d'apprendre qu'au cours du premier semestre 2023, les actions et les obligations ont généré des rendements positifs. Ces rendements positifs sont généralisés puisque toutes les classes d'actifs qu’on suit, à l'exception d'une, sont en territoire positif. A titre de rappel, vous pouvez trouver notre page de statistiques de marché sur notre site Internet Sujet Capital dans la section ressources ou sur le site Internet de PWL Capital dans la section dédié à notre équipe. On va partager le lien pour les statistiques de marché avec le podcast.

James Parkyn : Effectivement, François, après l’année 2022 où les actions et les obligations ont été fortement malmené en même temps, les investisseurs devraient être satisfaits des rendements enregistrés depuis le début de l'année.

François Doyon La Rochelle : Tout à fait James, surtout que la plupart des experts des marchés étaient sceptiques quant aux perspectives des marchés en début d'année. Plusieurs d'entre eux prévoyaient une récession qui ne s'est pas encore matérialisée.

James Parkyn : En effet François, elle ne s’est pas encore matérialisée. La croissance du PIB reste positive, la consommation des ménages reste obstinément forte et la création d'emploi se poursuit à un rythme soutenu, tant ici au Canada qu'aux États-Unis. Les experts s'attendent cependant que la croissance du PIB ralentisse, qu’elle se contracte même, au cours des prochains mois, en raison du cycle de resserrement des taux d'intérêt imposé par les banques centrales.

À titre de rappel, afin de ralentir l'inflation qui a atteint l'an dernier un sommet de 8,1 % au Canada et de 9,1 % aux États-Unis. La Banque du Canada a augmenté son taux directeur qui se situait à 0,25 % en mars 2022 à 5 % en juillet 2023. Aux États-Unis, on a vu des hausses semblables. La Réserve fédérale a augmenté le taux des fonds fédéraux de 0,25 % à une fourchette de 5.25% à 5,50%.

François Doyon La Rochelle : Le cycle de resserrement de taux a quand même eu l'effet espéré sur l'inflation puisqu'elle a baissé ici au Canada et aux États-Unis à 2,8% et 3% respectivement, ce qui se rapproche de la cible à long terme de 2 % fixée par les deux banques centrales. Ceci dit, le cycle de resserrement a aussi fait des dommages collatéraux, en particulier dans les banques régionales américaines, car les fortes hausses des taux d'intérêt ont placé certaines banques dans des positions délicates, ce qui a entraîné l'intervention de la Réserve fédérale.

James Parkyn : Les banques régionales n'ont pas été la seule source d'inquiétude pour les marchés au cours du premier semestre, il y a eu une nouvelle crise politique liée au plafond de la dette aux États-Unis qui a fait la une des journaux pendant plusieurs semaines jusqu'à ce qu'un accord sur le relèvement de la limite de la dette soit conclu en juin.

François Doyon La Rochelle : Malgré tout ce bruit, les marchés boursiers ont connu un bon premier semestre, en particulier aux États-Unis et dans les marchés développés internationaux. Ces marchés sont maintenant dans un bull market (marché haussier) parce qu’ils ont augmenté de plus de 20% par rapport aux bas atteints en octobre 2022. On va examiner les détails un peu plus tard, mais l'indice S&P500 aux États-Unis a augmenté, en dollars américains, de 27,5 % depuis le bas et l'indice des actions développées internationales, le MSCI EAFE (acronyme pour les actions d’Europe, Asie et Extrême-Orient) a augmenté d'environ 32,8 % depuis le bas. Ici, au Canada, on n’est pas encore dans un marché haussier puisque l'indice S&P/TSX Composé n'a augmenté que de 12,8 % depuis le creux d'octobre 2022.

James Parkyn : Ça peut surprendre certains investisseurs qui sont encore sous l'emprise émotionnelle du biais de récence de l'année dernière, mais l'histoire des marchés financiers nous enseigne que des fortes hausses de marchés arrivent très souvent à la suite de marché baissiers ou en anglais ‘Bear Market’.

François Doyon La Rochelle : Absolument James et il y a un bon graphique de Dimensional dans leur revue semestrielle qui montre, sur la base des données de l'indice Fama/French du marché total américains qui couvre la période de juillet 1926 à décembre 2022, qu'historiquement, après une baisse du marché de 20%, le rendement moyen après un an est de 22,2%, que le rendement moyen cumulé après 3 ans est de 41,1% et que le rendement moyen cumulé après 5 ans est de 71,8%.

James Parkyn : Oui, ces données sont très intéressantes et elles nous rappellent qu'il faut rester discipliné dans les marchés baissiers, qu’il faut rester investie et qu’on doit suivre son plan à long terme. La majorité des investisseurs ne peuvent pas se permettre de rater les hausses de marché qui suivent les ‘Bear Market’.

François Doyon La Rochelle : Malgré la belle remontée depuis le creux de l'année dernière, je pense qu’il est important de mentionner que les principaux indices ne sont pas de retour à leurs niveau maximal historique.

James Parkyn : Effectivement, en date du 30 juin, le S&P500, le MSCI EAFE et le S&P/TSX Composite sont encore entre 5% et 7 % en bas de leurs sommets.

François Doyon La Rochelle : Ceci dit, on va maintenant regarder en détail les statistiques du marché au 30 juin en commençant par les titres à revenu fixe canadiens. Comme vous le savez, 2022 a été une année historiquement difficile pour les obligations, la pire année depuis plusieurs décennies. A titre de rappel, en 2022, les obligations canadiennes à court terme ont baissé de 4,04 % et l'ensemble du marché obligataire Canadien, qui détient des échéances plus longues, a enregistré une baisse considérable de 11,7 %. Depuis le début de l'année, au 30 juin, malgré une augmentation des taux d'intérêt de 1 % par la Banque du Canada, les obligations canadiennes à court terme ont augmenté de 1,01 % et le marché obligataire total canadien a augmenté de 2,51%.

James Parkyn : Ça fait du bien d’enfin de voir des chiffres positifs dans le marché obligataire François, mais les performances que tu cites sont des chiffres de rendement total, donc ça inclut les revenus d'intérêts. Si on regarde seulement le prix des obligations, les obligations à court terme ont effectivement légèrement baissé tandis que ceux des obligations à plus long terme ont légèrement augmenté.

François Doyon La Rochelle : Tu as raison James, le prix des obligations sont en baisse, surtout du côté des obligations à court terme, ceci à cause de l'impact des dernières hausses de taux d'intérêt de la Banque du Canada. À titre indicatif, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à échéance dans deux ans était de 3,82 % au début de l'année et il est maintenant à 4,21 %, le prix de ces obligations a donc baissé. Il faut se souvenir que les rendements et les prix des obligations évoluent dans des directions opposées. Du coté des obligations à échéances plus longues, le rendement des obligations du gouvernement du Canada venant à échéance dans 10 ans était de 3,30 % au début de l'année et il se situait à 3,26 % au 30 juin, donc le prix a quelques peu augmenté.

James Parkyn : Pour ceux qui recherchent la sécurité des certificats de placements garantie (CPG), on peut avoir des rendements intéressants en ce moment, allant de 5,5 % pour un CPG d'un an à 5,2 % pour un CPG de cinq ans.

François Doyon La Rochelle : On va regarder maintenant du côté des actions, les marchés boursiers du monde entier ont progressé partout depuis le début de l'année. Les actions canadiennes ont augmenté de 5,70 %, principalement grâce aux titres de croissance, puisque l'indice de croissance des grandes et moyennes capitalisations a eu un rendement de 8,1 %, contre 4,0 % pour les titres de valeur des grandes et moyennes capitalisations. Les actions  petite capitalisation ont également eu un rendement positif avec une performance de 3,0 % depuis le début de l'année.

Aux États-Unis, le marché boursier total américain a eu une performance de 16,2 % en dollars américains, mais puisque le dollar canadien s'est apprécié par rapport au dollar américain, la performance en dollars canadiens était moindre à 13,5 %. Depuis le début de l'année, les actions de croissance de grande et moyenne capitalisation ont largement surpassé les actions de valeur, avec une performance en dollars canadiens de 26 % contre seulement 2,7 % pour les actions de valeur. Les actions de petites capitalisations ont enregistré une performance de 5,6 % en dollars canadiens, les titres de petite capitalisation croissance ont à nouveau mieux faites que les titres de valeurs avec une performance de 10,9 % contre un maigre 0,1 % pour les titres de petite capitalisation valeur.

James Parkyn : Pour les titres de croissance, c’est un revirement complet par rapport à ce qui s'est passé l'année dernière, Il faut se rappeler qu’en 2022 les actions de croissance de grande et moyenne capitalisation ont fortement chuté alors que les titres de valeur de grande et moyenne capitalisation n’avaient pratiquement pas baissé. Cette année, une poignée d'actions à grande capitalisation (en anglais on dit Mega-Cap) dominent les rendements du marché boursier américain. Selon Morningstar, au 31 mai 2023, 97 % de la performance de l'indice Morningstar U.S. Large and Mid-Cap, qui suit de près l'indice S&P500, provenait des 10 plus grands titres de l'indice. Ça signifie que seulement 3 % du rendement de l’indice provient des quelque 700 autres titres de l’indice Morningstar.

François Doyon La Rochelle : Oui, les performances du marché américain depuis le début de l'année sont très concentrées sur quelques actions et quelques secteurs. Si on regarde les cinq principaux titres du S&P500, à savoir Apple, Microsoft, Amazon, NVIDIA et Alphabet (Google), leur performance depuis le début de l'année, au 30 juin, varie de 36 % pour Alphabet à 189 % pour NVIDIA. En termes de secteurs, 4 secteurs sur 7 affichent des performances négatives au premier semestre. Les secteurs les plus performants sont ceux de la technologie, des services de communication et de la consommation discrétionnaire.

Selon un rapport de RBC Global Asset Management, depuis le 1er janvier 2020, seulement sept titres de l'indice S&P500 ont produit plus de la moitié de son rendement cumulé. Ces titres sont Meta, Apple, Alphabet, Microsoft, Amazon, NVIDIA et Tesla.

James Parkyn : C'est très frappant, mais ça veut aussi dire que pour les gestionnaires actifs qui font de la sélection de titre pour bâtir votre portefeuille (ou stock picking en anglais) et que s’ils ne détiennent aucun de ces titres, ils ont probablement sous performer de beaucoup le S&P500. N'oubliez pas qu'il y a des milliers d'actions sur le marché américain et encore plus si on inclut le marché mondial. La recherche académique démontre que la plupart des actions, sont moins performantes que les bons du Trésor américain sur de très longues périodes.

François Doyon La Rochelle : C'est exact et c'est l'une des raisons pour lesquelles les stock pickers ont du mal à battre les indices. C’est pourquoi nous utilisons des fonds ou FNBs qui sont largement diversifiés pour bâtir nos portefeuilles. On veut s’assurer d’avoir les tous les titres les plus performants dans les comptes de nos clients.

Enfin, pour ce qui est des actions internationales de pays développées, les actions à grande et moyenne capitalisation ont également bien faites depuis le début de l'année. Elles ont eu une performance de 12,1 % en monnaie locale. En dollars canadiens, les actions des pays développés ont augmenté un peu moins, soit de 9,1 %. C’est parce que le dollar canadien s'est apprécié par rapport au panier de devises inclus dans l’indice MSCI EAFE. Là encore, les actions de croissance à grande et moyenne capitalisation ont surpassé les actions de valeur. Elles ont eu une performance de 11,5 % en dollars canadiens, contre 6,7 % pour les actions de valeur à grande et moyenne capitalisation. Comme aux États-Unis et au Canada, les actions de petite capitalisation ont été à la traîne des actions à grande et moyenne capitalisation, avec une performance de 3,1 %, performance également en dollars canadiens.

En conclusion, les marchés émergents ont bien fait avec une performance de 2,6 % depuis le début de l'année. Contrairement aux marchés développés, les actions de valeur et les actions de petites capitalisations se sont mieux comportées que les actions de croissance et les grandes capitalisations.

Donc, je pense que ça fait le tour.

 

3) Mise à jour sur l’inflation :

Francois Doyon La Rochelle : Comme deuxième sujet aujourd’hui on fait une mise à jour sur l'inflation, on en a beaucoup parlé dans notre podcast depuis le printemps 2022. Donc, James, peux-tu commencer par nous donner un résumé de la situation actuelle des taux d'inflation?

James Parkyn : François, l'inflation s'est ralentie le mois dernier pour atteindre son rythme le plus faible en deux ans. Aux États-Unis, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 3 % en juin par rapport à l'année précédente, ce qui est nettement inférieur au récent pic de 9,1 % atteint en juin 2022. L'indice de l'inflation de base, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, a également enregistré en juin sa plus faible hausse mensuelle depuis plus de deux ans. Bien que le taux d'inflation dans le rapport de juin sur l'IPC reste supérieur au niveau souhaité par la Fed, les données suggèrent des progrès évidents dans la réduction des pressions sur les prix vers des niveaux plus acceptables.

François Doyon La Rochelle : Au Canada, les nouvelles sont encore meilleures. Le dernier rapport nous donne une inflation qui s'est établi à 2,8 % en juin donc c’est très encourageant mais, James qu’en est-il en l'Europe et au Royaume-Uni ?

James Parkyn : L'inflation a baissé à 5,5 % dans les 20 pays utilisant l'euro et à 7,9 % au Royaume-Uni, mais ça reste bien supérieur à l'objectif de 2 % des banques.

François Doyon La Rochelle : James, est-ce qu’il y a un consensus parmi les économistes ? Est-ce que les banques centrales peuvent crier victoire sur l'inflation ?

James Parkyn : Nick Timaros dans le WSJ rapporte que : "Certains décideurs politiques et économistes de la Fed craignent que le ralentissement de l'inflation soit temporaire. Ils considèrent que le ralentissement de l'inflation était attendu depuis longtemps après la disparition des chocs liés à la pandémie qui ont fait grimper les loyers et les prix des transports et des voitures. Ils craignent que les pressions sous-jacentes sur les prix ne persistent, ce qui obligerait la Fed à relever ses taux et à les maintenir plus longtemps. Leur plus grande crainte est de savoir si la croissance des salaires et des prix peut ralentir suffisamment sans qu'il y ait une récession.

François Doyon La Rochelle : Oui, Karen Dynan, une économiste à l'université de Harvard, est citée dans cet article. Elle déclare : "Bien que les choses semblent aller dans la bonne direction en ce qui concerne l'inflation, nous ne sommes qu'au début d'un long processus". James, qu’est-ce que les économistes de l'autre côté du débat disent ?

James Parkyn : Nick Timaros poursuit et déclare que : "D'autres économistes affirment que ce raisonnement ne tient pas compte des signes de ralentissement économique actuel qui atténueront progressivement les pressions sur les prix. Ils affirment également que l'inflation ralentira suffisamment pour que les taux d'intérêt "réels" ou corrigés de l'inflation augmentent dans les mois à venir. Ça permettrait de renforcer l’impact des augmentation des taux d’intérêt, même si la hausse des taux du 27 juillet est la dernière du cycle de resserrement actuel”.

François Doyon La Rochelle : Donc le débat est beaucoup plus autour de l'inflation des salaires. Le premier camp d'économistes est nerveux car il n’y a pas de marge de manœuvre et trop de demande dans l'économie pour être raisonnablement confiant que l'inflation va revenir à l’objectif de 2 % de la Fed dans les années à venir.

James Parkyn : Exactement François. Plusieurs de ces économistes craignent que la croissance des salaires soit trop forte. En l'absence de récession, ils estiment qu'un marché du travail surchauffe poussera l'inflation de base à la hausse en 2024. Étant donné qu'un marché du travail en surchauffe est susceptible de se manifester d'abord au niveau des salaires, beaucoup d’économistes considèrent les augmentations de salaire comme un bon indicateur de la pression inflationniste sous-jacente. La notion derrière cette pensée, est qu'une croissance annuelle des salaires de 3,5 % serait compatible avec une inflation entre 2 % et 2,5 %, à condition que la productivité augmente d'environ 1 % à 1,5 % par an.

François Doyon La Rochelle : Selon l'indice du coût de l'emploi du ministère américain du travail, les salaires ont augmenté de 5 % dans la période de janvier à mars par rapport à l'année précédente. La Fed surveille de près cet indice car c’est la mesure la plus complète de la croissance des salaires.

James Parkyn : Le second camp d'économistes François estime qu'il existe de nombreuses preuves que le marché du travail se refroidit, ce qui réduit les pressions inflationnistes. Ils soulignent que le temps nécessaire aux chômeurs pour trouver un nouvel emploi s'est allongé. L'augmentation du nombre d'heures travaillées par les employés du secteur privé a ralentie en même temps que le nombre d'emplois non comblés.

Benjamin Tal, économiste en chef adjoint chez CIBC World Markets, a dit dans le Global Mail qu’: "Il s’attend à ce que l’économie saigne des postes vacants plutôt que des emplois. À savoir, les entreprises n’embaucheront pas mais ne licencieront pas. »

François Doyon La Rochelle : La nouvelle encourageante dans tout ça c’est que la baisse de l'inflation va permettre aux banques centrales d'être plus patientes et de prendre leur temps avant de procéder à de nouvelles hausses de taux.

James Parkyn : Absolument François. Aux États-Unis, le mois dernier la Fed a maintenu son taux directeur de référence pour les fonds fédéraux dans une fourchette comprise entre 5 % et 5,25 %. C'est la première fois qu'elle fait une pause après dix augmentations consécutives depuis mars

2022. À titre de rappel, les hausses de taux d'intérêt ralentissent l'économie par le biais des marchés financiers en réduisant le prix des actifs et en augmentant le coût de l'emprunt.

François Doyon La Rochelle : Le 27 juillet, la Fed a augmenté le taux des fonds fédéraux de 25 points de base pour atteindre une fourchette cible entre 5,25 % et 5,50 %. Cette augmentation était attendu par les marchés. Ça correspond au sommet précédent atteint en 2006-07. Il faudrait remonter à 2001 pour trouver une période où les taux étaient plus élevés qu’aujourd’hui. La vitesse et l’ampleur de la hausse (plus de 500 points de base en 16 mois) est inégalée depuis le resserrement de la Fed en 1980. Ceci dit, l'inflation, selon l'indice des prix à la consommation, se rapproche de l'objectif de 2 % de la Fed, mais James qu’est-ce que les banques centrales disent des derniers chiffres d'inflation ?

James Parkyn : Elles ont toutes le même message en insistant sur le fait que les conséquences économiques vont continuer à s'aggraver si l'inflation échappe à tout contrôle. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, a été cité dans le Financial Times : "Notre tâche consiste à ramener l'inflation à son niveau cible et nous ferons ce qui est nécessaire. Je comprends les préoccupations qui en découlent, mais je crains de devoir toujours dire - que le résultat est pire si nous ne ramenons pas l'inflation à son niveau cible". Donc François, malgré le risque d’entrainer une récession, les banques centrales insistent sur le fait qu'ils prévoient de maintenir les taux à leur niveau élevé pendant un certain temps – en effet, probablement plus longtemps que ne le prévoient les marchés boursiers et obligataires. En résumé, Ils me semblent Francois qu’elles sont très synchronisées.

François Doyon La Rochelle : Je suis d'accord James. En fait, la Banque des règlements internationaux (ou la BRI), l'organisation mondiale des banques centrales basée en Suisse, semble également d'accord. Dans un récent rapport, la BRI a souligné que depuis le début de l'année 2021, près de 95 % des banques centrales du monde ont relevé leurs taux. Cette synchronisation parmi les banques centrales est plus élevée lors du choc pétrolier inflationniste des années 1970. La BRI a qualifié cette situation de "resserrement de la politique monétaire le plus synchronisé et le plus intense depuis des décennies".

James Parkyn : Je pense que l'on reconnaît de plus en plus que des erreurs de politiques monétaires ont été commises pendant la pandémie. Selon moi, ça m’indique que les taux d'intérêt doivent être normalisés à des niveaux beaucoup plus élevés que les taux très bas en vigueur pendant la pandémie.

François Doyon La Rochelle : James qu’est-ce que les économistes disent de l'impact de la politique fiscale, autrement dit, au niveau des dépenses publiques sur l'inflation ?

James Parkyn : Le journaliste David Parkinson a récemment posé la question suivante dans le Globe & Mail : "Dans quelle mesure le problème persistant de l'inflation au Canada peut-il être imputé aux dépenses du gouvernement ?" Dans son article, qui fait suite à la dernière hausse des taux d'intérêt de la Banque du Canada, il souligne que le gouverneur, Tiff Macklem, a noté dans les dernières projections économiques de la Banque, que la croissance des dépenses publiques est d'environ 2 %, ce qui correspond au taux estimé de croissance de la production potentielle de l'économie. Selon lui, cela signifie que la contribution du gouvernement à l'équilibre entre l'offre et la demande de l'économie est neutre. Il avance que ça n'aide pas à résoudre le problème de l'excès de demande qui continue d'alimenter les pressions inflationnistes. Mais d’un autre côté, il n'aggrave pas non plus le problème. Mais il affirme également que si l'on compare les dépenses publiques aux niveaux antérieurs à la pandémie, la politique fiscale en matière des dépenses est stimulatrice.

François Doyon La Rochelle : Intuitivement, les gouvernements pourraient également contribuer à la lutte contre l'inflation. Ils pourraient réduire les dépenses qui sont essentiellement financées par des déficits afin de diminuer la demande. Je pense que ça aiderait les banques centrales parce qu’elles auraient moins besoin d’augmenter les taux d'intérêt.

James Parkyn : À ce sujet, François, Gita Gopinath, directrice exécutive adjointe du Fonds monétaire international, dans un discours prononcé lors de la conférence annuelle de la Banque centrale européenne (BCE) à Sintra, au Portugal, le mois dernier, a affirmé que "certains effets secondaires de la lutte contre l'inflation par la politique monétaire pourraient être réduits en donnant à la politique fiscale des dépenses un rôle plus important. »

Mme Gopinath a ajouté : "Compte tenu des conditions économiques dans lesquelles nous nous trouvons, à la fois en raison d'une inflation élevée et de niveaux d'endettement record, ces deux éléments plaident en faveur d'un resserrement de la politique fiscale. Si l'on examine les déficits budgétaires prévus pour de nombreux pays du G7, on s'aperçoit qu'ils sont trop élevés pour trop longtemps. "

François Doyon La Rochelle : Elle a également lancé un avertissement et je la cite : "Les banques centrales doivent accepter la "vérité inconfortable" qu'elles devront peut-être tolérer une période plus longue d'inflation supérieure à leur objectif de 2 % pour éviter une crise financière ».

James, la baisse de l'inflation est-elle une bonne nouvelle pour les investisseurs ?

James Parkyn : Oui, je pense que le fait que les taux plus élevés pour plus longtemps seraient une bonne nouvelle pour les investisseurs. Je pense également que la vraie nouvelle est que nous commençons maintenant à obtenir des taux d'intérêt réels positifs. Enfin, de nombreux économistes prévoient une baisse des taux de la Banque centrale de 2024 et pour certain, ça sera en 2025. Preston Caldwell, économiste en chef chez Morningstar, a déclaré dans un rapport récent que "l'inflation montre maintenant des signes généralisés de décélération" et que "la Fed est toujours susceptible d'augmenter ses taux lors de sa réunion de juillet, mais le rapport d'aujourd'hui sur l'inflation selon l'IPC soutient notre opinion selon laquelle la Fed passera à une réduction agressive en 2024 après la chute de l'inflation". Francois, on le sait la Fed a effectivement augmenter ses taux à la réunion de juillet.

François Doyon La Rochelle : Pour les investisseurs qui ont évité les titres à revenu fixe par crainte des hausses de taux, c’est peut-être maintenant le temps de réexaminer vos portefeuilles de titres à revenu fixe. Les investisseurs reçoivent maintenant un rendement réel positif, c’est-à-dire après l'inflation, avec leurs investissements obligataires. Ce qui n'a pas été le cas depuis belles lurettes.

James Parkyn : L'exemple parfait est que nous obtenons maintenant de bien meilleurs taux sur les CPG. Récemment, les taux des CPG étaient autour de 5.5% pour 1 an, et autour de 5,2 % pour 5 ans. Ces taux sont nettement plus élevés que notre estimation du rendement attendu des obligations de 4,26 %. Nos auditeurs peuvent consulter le plus récent rapport de PWL que l’on vient de publier sur les hypothèses de planification financière. Malgré la hausse générale des prix des obligations, les rendements aujourd'hui plus élevés qu'ils ne l'ont été pendant la majeure partie de la dernière décennie.

François Doyon La Rochelle : À l'heure actuelle, les titres à revenu fixe vous procurent un bon revenu. Sur une base "réelle", les taux semblent très attrayants si on les compare aux prévisions d'inflation pour les années à venir. Par exemple, l'estimation de PWL pour l'inflation est à 2,2 % par an. Un investisseur qui achète un CPG à échéance dans 5 ans, comme tu l’as mentionné James, obtiendrait 5,2 %, soit un rendement réel de 3 %.

James Parkyn : En conclusion, François, la clé pour les investisseurs est que même si les banques centrales augmentent encore un peu leurs taux, la fin du cycle haussier actuel se profile à l'horizon, à moins d'une résurgence de l'inflation. Comme nous l'avons dit à maintes reprises, nous ne faisons pas de Market Timing, autant du côté des actions que des obligations. Spécifiquement pour les obligations, n'essayez pas de prévoir le sommet des taux d'intérêt.

Je veux également François partager avec nos auditeurs une citation intéressante de Dimensional qui provient de son rapport semestriel et je cite : " Ce que les investisseurs savent, c'est que les marchés continueront à traiter rapidement les informations au fur et à mesure qu'elles seront disponibles. Un plan à long terme, axé sur les objectifs individuels et fondé sur la confiance dans les prix du marché, peut placer les investisseurs dans les meilleures conditions pour vivre une bonne expérience, quoi qu'il arrive. »

François Doyon La Rochelle : En d'autres termes, James, il ne faut pas essayer de deviner la fin du cycle de hausse des taux.

Je rappelle à nos auditeurs que notre discipline consiste à investir avec "l'état d'esprit de l'investisseur, axé sur le long terme". On ne veut pas se laisser influencer par le bruit à court terme des médias financiers et par la volatilité des marchés. C’est un défi de taille qui s'applique à tous les investisseurs, même aux professionnels. On l’a souvent répété dans notre podcast : "C'est simple à dire mais pas facile à faire : Il faut toujours être conscients qu’on peut tomber dans le piège d'essayer de "prévoir l'avenir".

 

4) Conclusion :

François Doyon La Rochelle : Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir.

James Parkyn : il m’a fait plaisir Francois.

François Doyon La Rochelle : Hé bien c’est tout pour ce 55ième épisode de Sujet Capital ! Nous espérons que vous avez aimé.

N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com 

De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP.

Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode à paraitre le 28 septembre exceptionnellement car nous prenons une pause pour l’été.

Profitez de votre été et à bientôt!

Jul 5, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle passent en revue le dernier livret électronique écrit par James Parkyn intitulé Compétences en matière d’investissement pour les jeunes épargnants. 

Ce livret électronique est disponible sur le site Web de Sujet Capital et dans la section de notre équipe sur le site Web de PWL Capital. Il fournit d'importantes connaissances pratiques qui aideront les jeunes épargnants à prendre les bonnes décisions financières. 

 

Livret électronique:

https://www.pwlcapital.com/fr/?p=17970

 

Lire le script : 

  1. Introduction : 

François Doyon La Rochelle: Bienvenue à Sujet Capital, un Balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme. 

Vos hôtes pour ce Balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital. 

Au programme aujourd’hui pour l’épisode #54 : 

Dans cet épisode, nous passerons en revue le dernier livret électronique écrit par James intitulé - Compétences en matière d’investissement pour les jeunes épargnants.  

Bonne écoute ! 

 

  1. Compétences en matière d’investissement pour les jeunes épargnants : 

François Doyon La Rochelle : Dans le podcast d'aujourd'hui, on va aborder un seul sujet, on va discuter du dernier livret électronique que tu as écrit James qui est intitulé Compétences en matière d’investissement pour les jeunes épargnants. Ce livret est disponible sur notre site Sujet Capital et aussi sur la page de notre équipe au sein du site PWL Capital. Il fait partie d'un effort important dans notre équipe car on a pris une décision stratégique il y a quelques années pour ajouter des clients de la nouvelle génération à notre pratique, ce qui inclut les enfants de nos clients actuels. 

James Parkyn : Oui, effectivement, il s'agit d'un gros mandat, car ces jeunes clients en sont, pour plusieurs, seulement aux premiers stades de l'apprentissage de l'épargne et de l'investissement.  Pour d’autres, on voit que leur réflexion et leur expérience sont étonnamment avancées.  Dans le cas des enfants de nos clients, les parents sont en fait très heureux que nous entreprenions cette initiative.  Pour eux, ça fait partie des valeurs familiales de les aider à développer ce qu'ils considèrent comme une compétence essentielle pour la suite de leur vie.  Beaucoup d'entre eux réalisent également qu'ils auraient aimé commencer beaucoup plus tôt. 

François Doyon La Rochelle : Pour nos auditeurs, il s'agit d'un livret électronique, donc relativement court (28 pages), avec beaucoup d'images et d'illustrations graphiques, qui se veut facile à lire et sans trop de jargon.  James, quel est le message principal que tu veux essayer de faire passer aux jeunes épargnants ? 

James Parkyn : Mon message principal porte sur l'importance de commencer tôt.  C'est une compétence qui vous servira sur tout au long de votre vie et vous donnera la confiance nécessaire pour prendre des décisions financières intelligentes. Pour que les choses soient claires pour nos auditeurs, nous entendons par "compétences pour la vie" les compétences dont vous avez besoin pour tirer le meilleur parti de la vie. Toute compétence utile dans la vie peut être considérée comme une compétence de vie. Les jeunes épargnants doivent en faire une priorité. 

François Doyon La Rochelle : James tu as eu de nombreuses rencontres avec des jeunes épargnants au cours des dernières années, qu'est-ce que tu as appris ? 

James Parkyn : Tout d'abord, je devais connecter avec eux, et j'ai donc décidé d'entamer la conversation en partant du point de vue "Start with Why" (Commencez par le pourquoi).  L'idée de « Start with the Why » vient de l'auteur Simon Sinek, qui a écrit un livret bien connu sur le sujet. 

François Doyon La Rochelle : Qu'est-ce qui résonne avec eux ? Comment fais-tu pour les intéresser ?   

James Parkyn : J'aime toujours raconter des anecdotes sur la musique.  Je mentionne la chanson "Time" de Pink Floyd, tirée de l'album phare "Dark Side of the Moon" publié au début des années 1970. 

François Doyon La Rochelle : Un classique, mais c’est surtout de la musique de la génération de leurs parents.  Il y a aussi une autre chanson sur cet album qui s'appelle "Money", mais les paroles sont surtout politiques. 

James Parkyn : À ma grande surprise, beaucoup de jeune connaissent Pink Floyd et la chanson.  Ce que j'aime vraiment dans les paroles de la chanson "Time", c'est qu'elles transmettent un message clé sur l'importance de commencer tôt.  Je soupçonne le groupe de ne pas s'en être rendu compte lorsqu'il a écrit ces paroles, mais d'une manière ou d'une autre, ils ont relayé un message fondamental pour les jeunes épargnants. 

François Doyon La Rochelle : C’est quoi le message, qu’est-ce que les paroles disent ?  

James Parkyn : Traduction libre ici des paroles. "Faire défiler les moments qui composent une journée ennuyeuse.  Gâcher les heures avec désinvolture. Se trainer sur un bout de terrain dans sa ville natale. Attendre que quelqu'un ou quelque chose vous montre le chemin. Fatigué de se prélasser au soleil, rester à la maison pour regarder la pluie. Vous êtes jeune, la vie est longue et vous avez du temps à tuer aujourd'hui.  Et puis un jour, vous vous apercevez que dix ans se sont écoulés derrière vous. Personne ne vous a dit quand courir, vous avez raté le coup de départ". 

François Doyon La Rochelle : C'est incroyable à quel point le message est pertinent pour notre sujet.  Ce nouveau livret électronique a pour but d'aider les jeunes épargnants à comprendre l'importance de commencer dès maintenant.  Il n'y aura personne pour donner le départ, pour vous dire de commencer à apprendre et à investir. 

James Parkyn : Exactement François. Pour moi, c'est une vraie joie de voir la lumière s'allumer, de voir que les jeunes réalisent que les concepts sur l’investissement que j’apporte sont vraiment "accessibles". 

François Doyon La Rochelle : J'aime ton choix du mot "accessible" parce que c’est très stimulant pour les jeunes de savoir et de sentir qu’ils peuvent y arriver. James, entrons dans le vif du sujet.  Quelles sont les compétences que les jeunes épargnants doivent développer ? 

James Parkyn : On couvre sept compétences en matière d'investissement.  La première compétence est "Point de départ".  Pour certains jeunes épargnants, l'investissement peut être effrayant : "Par où commencer ?  C'est tellement compliqué !"  Pire encore, certains jeunes épargnants peuvent se demander : "Pourquoi dois-je y porter attention maintenant ?  J'ai toute la vie devant moi !"  Lorsqu'on débute, ce n’est pas facile de trouver le meilleur moyen d'atteindre les objectifs financiers que l'on s'est fixés pour soi et pour sa famille.  Il y a tant de priorités concurrentes à prendre en compte et les ressources à consacrer à l'une d'entre elles sont limitées. 

François Doyon La Rochelle : Je pense que les jeunes épargnants ont beaucoup trop d'informations à leur disposition dans le monde branché d'aujourd'hui, avec Internet et les médias sociaux qui sont omniprésents. En fait, je pense que ce dont ils ont besoin ce sont des connaissances réelles et des informations pratiques qu'ils peuvent utiliser pour démarrer et les aider dans ce nouveau voyage qu'ils commencent. 

James Parkyn : Je suis d'accord et c'est pourquoi on explique les concepts clés pour aider les jeunes épargnants à franchir les premières étapes critiques de leur parcours financier. Eh oui, François, on espère qu'ils apprendront à prendre les bonnes décisions et à éviter de faire des erreurs majeures. 

François Doyon La Rochelle : Dans la partie, pour commencer, tu expliques, James, la magie des intérêts composés.  Peut-être que tu pourrais l’expliquer à nos auditeurs, c’est quoi les intérêts composés ? 

James Parkyn : Le concept des intérêts composés n'est pas une mince affaire. Albert Einstein l'a qualifié de huitième merveille du monde. C'est l'intérêt sur l'intérêt que vous avez déjà gagné. En d'autres termes, la capitalisation est l'argent que vous gagnez sur votre investissement initial, plus l'argent que vous gagnez sur les rendements déjà accumulés au fil du temps. 

François Doyon La Rochelle : Une autre raison importante qui justifie de commencer tôt votre parcours d'investisseur, c’est de prendre l'habitude d'épargner tout en apprenant les principes de base l'investissement et en renforçant votre confiance. 

James Parkyn : Précisément !  Lorsqu’on traverse de nombreux marchés baissiers, et comme tu le sais, François, on en a connu quatre depuis 2000, l’expérience acquise en tant qu'investisseur avec une mentalité à long terme  fait en sorte que nous sommes moins enclin à vendre en panique. On apprend qu’un portefeuille diversifié et bien conçu va se rétablir et continuer à augmenter de valeur une fois la crise passé. 

François Doyon La Rochelle : Avec ton expérience James c’est quoi la meilleure façon de commencer ? 

James Parkyn : Les jeunes épargnants devraient mettre en place un retrait automatique de leur compte bancaire qui va directement dans un compte d'investissement. C'est ce qu'on appelle se payer en premier (avant toutes les autres dépenses), et ça fonctionne parce que vous adaptez naturellement vos dépenses au montant d'argent dont vous disposez après votre épargne. 

François Doyon La Rochelle : James pourrais-tu nous parler de la deuxième compétence que les jeunes épargnants doivent acquérir : Tu l’as appelé, gérer son capital humain. 

James Parkyn : De nombreuses personnes ne sont pas conscientes de leur actif le plus précieux. Il reste caché à la vue de tous parce qu'il est considéré comme acquis. Quel est cet actif ? C’est votre potentiel à générer des revenus tout au long de votre vie. Il s'agit de votre capital humain, que l'on peut définir comme la valeur actuelle de tous vos revenus futurs. Pour la plupart des gens, ça représente un chiffre énorme, surtout s'ils sont jeunes. Votre capital humain est d'autant plus précieux parce qu'il constitue une protection contre l'inflation. Ce que je veux dire par ça c’est que les revenus ont tendance à augmenter avec le coût de la vie. 

François Doyon La Rochelle : James, pourrais-tu expliquer ce qu’est la "valeur actuelle de tous vos revenus futurs". Je pense que c’est un peu du jargon pour nos auditeurs et les jeunes épargnants. 

James Parkyn : Le capital humain est la valeur actuelle de tous les salaires futurs provenant du travail.  Vous pouvez augmenter votre capital humain en poursuivant vos études ou en suivant une formation en cours d'emploi.  Pensez à tous les revenus futurs que vous percevrez en tant que rémunération jusqu'au moment où vous prendrez votre retraite et ensuite estimé ce que ça vaudrait comme somme forfaitaire pour du capital à investir. 

François Doyon La Rochelle : Au fur et à mesure qu'il se développe, vous devez également protéger votre capital humain de la même manière que vous protégez d'autres actifs importants. Comme une automobile ou une assurance habitation.  

James Parkyn : Si vous êtes comme la plupart des gens, vous serez riche en capital humain au début de votre vie professionnelle, mais pauvre en capital financier. Au cours de votre carrière, votre objectif devrait être de convertir votre capital humain en capital financier en gagnant de l'argent, en épargnant et en prenant de bonnes décisions en matière d'investissement. Les deux formes de capital sont importantes, accordez-leur l'attention qu'elles méritent. 

François Doyon La Rochelle : Si l'on ajoute à ça le rendement composé du capital humain et financier, c'est ainsi que l'on parvient à l'indépendance financière, quelle que soit votre définition personnelle. James, parlons maintenant de la troisième compétence que les jeunes épargnants doivent développer : Cultiver un état d'esprit d'investisseur. 

James Parkyn : De nombreuses personnes abordent l'investissement comme s'il s'agissait d'un jeu d’hasard, que l'on peut gagner en pariant sur le dernier titre à la mode ou la dernière tendance en matière d'investissement.  Blackrock Asset Management a mené une enquête en 2015, et 51 % des Canadiens ont déclaré à l'époque qu'ils pensaient que l'investissement pour eux ressemblait à un jeu de hasard.  Même si l'investissement et les jeux de hasard impliquent tous deux de risquer de l'argent dans l'espoir de réaliser un gain financier, la similitude s'arrête là. L'investissement - lorsqu'il est bien fait - consiste à acheter des actifs dont le rendement attendu est positif grâce aux revenus qu'ils génèrent et/ou à l'appréciation du capital à long terme. 

François Doyon La Rochelle : Nous avons abordé ce concept dans un podcast précédent.  La différence entre investir et spéculer est parfois une question de perspective et de temps.  La spéculation signifie souvent que l'on s'attend à des gains faciles à court terme.  C'est quelque chose qui nous interpelle même nous les professionnels. 

James Parkyn : Je suis d'accord François. Mais pour les jeunes épargnants, le savoir-faire à développer est de s'en tenir patiemment à un portefeuille largement diversifié qui reflète leur tolérance au risque et d'accepter que cette philosophie d’investissement ne produise peut-être pas l'excitation de toucher le jackpot sur une action ou une crypto-monnaie à la mode. Ils ne devraient pas investir pour des sensations fortes. Votre but devrait être d'atteindre vos objectifs financiers à long terme, et ce n'est pas quelque chose avec lequel il faut jouer.  J'ai déjà entendu dire qu'il n'était pas grave de perdre de l'argent quand on est jeune, car on peut se rattraper plus tard dans la vie.  Je déteste cette façon de penser et je dis aux jeunes épargnants d’y penser à deux fois, car si l'on prend en compte l’effet de la capitalisation sur plusieurs décennies de l’argent perdu, la perte est beaucoup plus importante. 

François Doyon La Rochelle : On poursuit avec la quatrième compétence que les jeunes épargnants doivent acquérir : Garder le cap sur le long terme.  James, c’est quoi ton message ?  

James Parkyn : Les investisseurs qui réussissent prennent des décisions financières cohérentes et intelligentes et s'y tiennent malgré les hauts et les bas du marché sur une période de plusieurs dizaines d'années. Cela exige de la discipline, une compétence essentielle à acquérir dès le début de votre vie d'investisseur.  Élaborez votre plan d’investissement et respectez-le. 

François Doyon La Rochelle : Donc Il s'agit de ne pas se laisser piéger par le bruit des médias et de ne pas faire des transactions en fonction des événements à court terme sur les marchés financiers et des nouvelles économiques.  On a parlé souvent dans notre podcast de la nécessité d'éviter le "market timing".  Les académiciens ont déterminé que c’est une des pires erreurs qu’on peut faire pour détruire son patrimoine. Une forte baisse des marchés peut être particulièrement difficile à digérer pour certaines personnes. Ils se persuadent qu'ils peuvent sortir du marché maintenant et y revenir quand les choses iront mieux.  

James Parkyn : Cependant, essayer de prévoir le marché pose au moins deux problèmes.  Premièrement, si vous vendez maintenant, quand saurez-vous qu'il est sûr de revenir sur le marché ? Deuxièmement, si vous vendez, vous risquez de rater des gains pendant que vous êtes sur la touche, ce qui peut avoir un impact considérable sur vos rendements à long terme. Bien que ça peut être difficile, la meilleure stratégie d'investissement, est de détenir un portefeuille d'investissements largement diversifiés et gérés passivement, dans les bons comme dans les mauvais moments. Pourquoi une gestion passive ? Parce que la recherche montre clairement que la plupart des gestionnaires de fonds actifs sous-performent leur indice de référence au cours d'une année donnée. 

François Doyon La Rochelle : La cinquième compétence à acquérir est de : Comprendre les biais comportementaux. James, qu’est-ce que tu dis aux jeunes épargnants sur les aspects psychologiques de l'investissement ? 

James Parkyn : Je leur dis qu'ils doivent comprendre comment leurs instincts humains fondamentaux peuvent les amener à prendre de mauvaises décisions financières.  Nous sommes tous la proie de biais comportementaux et émotionnels qui peuvent nous conduire à de graves erreurs d'investissement. 

François Doyon La Rochelle : Pour contrôler l'influence des biais comportementaux et émotionnels, il faut d'abord en être conscient, puis revenir à une pensée rationnelle et à de bons processus de prise de décision. Quels sont les principaux biais ? 

James Parkyn : La finance comportementale est un domaine en plein essor, deux prix Nobel ont été décernés à des académiques pour leurs travaux dans ce domaine au cours des 20 dernières années.  Il existe une quantité étonnante de recherches sur les biais comportementaux.  Je mets en évidence les quatre principaux biais sur lesquels les jeunes épargnants devraient, selon moi, porter leur attention. Vous devrez vous protéger contre ces biais et d'autres biais cognitifs et émotionnels tout au long de votre vie d'investisseur. 

  1. Biais de récurrence : Il s'agit de la tendance à accorder plus d'importance aux événements qui se sont produits dans un passé récent. Le biais de récence peut vous amener à vous écarter de votre plan d'investissement pour profiter d'une tendance haussière du marché ou pour vendre lors d'un repli du marché. 

  1. L'excès de confiance : Il est fréquent que les gens développent une confiance injustifiée en leurs propres capacités, y compris en leur capacité à réaliser des profits exceptionnels sur les marchés financiers. L'excès de confiance peut conduire les investisseurs à faire des paris risqués sur la base d'une croyance erronée en leur capacité à prédire l'avenir. 

  1. Biais de confirmation : Cela se produit lorsque les investisseurs recherchent des informations qui confirment leur point de vue et négligent les opinions divergentes. 

  1. L’aversion aux pertes : Les chercheurs en finance comportementale ont déterminé que les gens ressentent la douleur d'une perte environ deux fois plus fortement que le plaisir qu'ils retirent d'un gain équivalent. L'aversion pour les pertes est un autre biais qui peut fausser votre prise de décision en vous amenant à privilégier l'évitement des pertes par rapport aux gains. 

 

François Doyon La Rochelle : Des bons conseils en matière d'investissement et des bonnes habitudes tels que l'examen annuel du portefeuille, les cotisations automatiques et le rééquilibrage périodique du portefeuille peuvent vous aider à maîtriser vos émotions et à maintenir votre plan d’investissement sur la bonne voie. 

James Parkyn : Diversifier son portefeuille en détenant un grand nombre d'investissements sur différents marchés est une stratégie fondamentale pour investir avec succès. L'économiste Harry Markowitz, lauréat du prix Nobel, l'a fameusement décrite comme "le seul repas gratuit en finance"ou « The only free lunch in finance » 

François Doyon La Rochelle : Effectivement, Markowitz a démontré qu'en combinant des actifs qui performent différemment au fil du temps, vous réduisez le risque global de votre portefeuille sans réduire les rendements attendus. 

James Parkyn : Il s'agit de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Lorsque vous ne possédez que quelques actions de compagnies dans votre portefeuille, la faillite d’une de ces compagnies peut entraîner une perte permanente de votre épargne. Alors que si vous possédez de nombreux titres - idéalement toutes les actions d'un marché donné - les mauvaises performances de certaines seront compensées par les meilleures performances des autres. 

François Doyon La Rochelle : Une petite mise en garde, Ça ne veut pas dire que vous ne perdrez jamais, mais que vos gains et vos pertes reflèteront celles du marché dans son ensemble. Vous avez éliminé ce que l'on appelle le risque non systématique, c'est-à-dire le risque propre à une entreprise, une compagnie, ou à un secteur spécifique. 

James Parkyn : Le même principe s'applique à la détention de différents types d'actifs tels que les actions, les obligations et l'immobilier. Chacun d'entre eux produit des rendements différents au cours d'une période donnée et en les combinant dans un portefeuille, vous en réduisez le risque. 

François Doyon La Rochelle : Ça peut surprendre, mais les études démontrent que de nombreux investisseurs détiennent encore des portefeuilles terriblement sous-diversifiés.  

James Parkyn : Heureusement, les jeunes épargnants peuvent éviter de faire cette erreur fondamentale en achetant simplement des fonds gérés passivement qui permettent une large diversification à un coût très faible. 

François Doyon La Rochelle : La septième et dernière compétence que les jeunes épargnants doivent acquérir est celle de : Contrôler ses émotions. C’est quoi la différence entre cette compétence et l'apprentissage des biais comportementaux ? 

James Parkyn : Excellente question, Francois.  Le message que je veux faire passer ici encore une fois est qu'il faut faire attention à la façon dont on réagit émotionnellement à la volatilité des marchés.  L'une des mesures les plus importantes est d'ignorer le bruit des médias concernant les mouvements quotidiens des marchés et de se concentrer plutôt sur un plan financier à long terme. Ce plan doit prévoir une répartition des actifs en fonction de vos objectifs et de votre tolérance au risque. Lorsque les marchés évoluent à la hausse ou à la baisse, vous rééquilibrez périodiquement votre portefeuille en fonction de votre allocation d'actifs cible et vous restez confiant dans le fait que le processus fonctionne à long terme. 

François Doyon La Rochelle : Comme on l’a déjà dit, le secteur des services financiers et les médias financiers encouragent la gestion active, ce qui nous pousse à faire beaucoup de transactions.  Pensez à toutes les publicités du secteur montrant une personne devant un écran avec des côtes boursière et des graphiques. Malheureusement, de nombreux investisseurs associent faire des transactions à la création de valeur. 

James Parkyn : J'ai une excellente citation d'un collaborateur de longue date de Warrant Buffett, Louis Simpson, qui supervisait les investissements de la gigantesque filiale d'assurance GEICO de Berkshire Hathaway.  Il a dit un jour : "Nous réfléchissons plus que nous n'agissons. Un grand nombre d’investisseurs agissent beaucoup et ne réfléchissent pas beaucoup".  Pour moi, cette phrase reflète la façon dont nous gérons l'argent de nos clients et ce qui nous différencie de la plupart des acteurs du secteur des services financiers.  Nous achetons avec beaucoup de soin, nous conservons et différons les impôts et nous rééquilibrons lorsque c’est pertinent.  Nous faisons tout ça en respectant le plan d’investissement bien conçu de nos clients. 

François Doyon La Rochelle : J'aime aussi cette citation.  Louis A. Simpson était l'un des gestionnaires de fonds préférés de Warren Buffett et, à un moment donné, un successeur potentiel.  Il était beaucoup moins connu que Buffett ou Charlie Munger.  Malheureusement, il est décédé au début de l'année 2022 à l'âge de 85 ans.  Je devrai préciser ici pour nos auditeurs qu'en agissant beaucoup, il voulait dire en négociant beaucoup.   

Revenons maintenant à nos moutons.  Lorsque les marchés sont à la hausse, il est relativement facile de contrôler vos émotions pour la plupart des investisseurs qui voit leurs portefeuilles prendre de la valeur de jour en jour.  

James Parkyn : Les marchés baissiers font partie de la vie d'un investisseur. C'est en prenant des risques contrôlés que l'on obtient des rendements et que l'on construit son patrimoine. Cependant, les marchés baissiers peuvent créer de l'anxiété et une pression à agir qui peut parfois sembler insurmontable. C'est à ce moment-là que les investisseurs doivent contrôler leurs émotions car c’est là qu’ils commettent le plus souvent des erreurs qui entraînent une perte permanente de capital. 

François Doyon La Rochelle : Vos pensées peuvent être trompeuses. Vous pouvez croire que vous prenez des décisions rationnelles alors qu'en réalité vos actions sont motivées par la peur. C'est pourquoi vous devez vous préparer aux baisses des marchés en vous efforçant de reconnaître les moments où vous vous sentez stressé pour que vous puissiez ensuite gérer vos émotions. 

James, tu recommande également des livres.  Quels livres recommandes-tu ? 

James Parkyn : Tout d'abord, je recommande aux jeunes épargnants de lire notre livret électronique " les 7 péchés capitaux de l’investissement" que nous avons publié en 2021. Il s'agit en quelque sorte d'un complément à ce nouveau livret électronique.    

Je recommande également aux jeunes épargnants qui souhaitent approfondir leurs connaissances de lire deux ouvrages incontournables : 

  1. The Psychology of Money (La psychologie de l'argent) par Morgan Housel : L'auteur primé Morgan Housel présente 19 histoires courtes explorant les étranges façons dont les gens pensent à l'argent et vous apprend à mieux comprendre l'un des sujets les plus importants de la vie. 

  1. Think, Act, and Invest Like Warren Buffett (Pensez, agissez et investissez comme Warren Buffett) par Larry E. Swedroe : Warren Buffett. Bien qu'il soit impossible d'investir exactement comme lui, Think, Act, and Invest Like Warren Buffett propose une approche d'investissement solide et sensée, basée sur les conseils de Buffett en matière de stratégies d'investissement. 

François Doyon La Rochelle : James, quels livres recommandes-tu recommande pour les parents ? 

James Parkyn : Je recommande deux livres différents mais tout aussi bons : 

  1. It Makes Total Cents de Tom Henske. Il s'agit d'un auteur américain.  Certains éléments de ce livre sont spécifiques aux investisseurs américains et reflètent les lois fiscales américaines. It Makes Total Cents (épelé avec un "c" pour faire un jeu de mots avec le mot sense) est un guide court et facile à lire pour aider les parents. Ce livre concis est conçu pour être lu à raison d'un chapitre par mois et couvre les 12 sujets financiers les plus importants qu'un enfant doit comprendre avant d'entrer à l'université ou au collège. 

  1. The Wisest Investment de Robin Taub. Elle est canadienne et son livre vise à enseigner à vos enfants à être responsables, indépendants et intelligents en matière d'argent.  Robin Taub propose une feuille de route pour enseigner l'argent à vos enfants. 

L'éducation financière a longtemps été un sujet ignoré et il en résulte que, génération après génération, les enfants entrent dans l'âge adulte sans maîtriser les bases de l'argent. Cela conduit à un stress inutile à l'âge adulte et, en fin de compte, à des problèmes de santé. 

 

  1. Conclusion : 

François Doyon La Rochelle : Voilà pour le podcast d’aujourd’hui intitulé Compétences en matière d’investissement pour les jeunes épargnants. Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir. 

James Parkyn : il m’a fait plaisir Francois. 

François Doyon La Rochelle : Hé bien c’est tout pour ce 54ième épisode de Sujet Capital !  Nous espérons que vous avez aimé. 

N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com 

De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP. 

Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode qui sortira le 2 aout. 

A bientôt! 

 

Jun 7, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle discutent d'un récent rapport de l’Institut C.D. Howe qui souligne la nécessité de réorganiser les règles entourant les retraits des fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR). 

Ils s’attardent également sur la manière classique de construire un portefeuille équilibré avec une allocation de 60 % en actions et de 40 % en obligations. 

May 10, 2023

Description: 

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle reviennent sur les bases du compte d'épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) et donnent à leurs auditeurs quelques idées de planification. 

Ils perpétuent également leur tradition annuelle et passent en revue la 15e édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales. 

 

 Lire le script: 

  1. Introduction : 

François Doyon La Rochelle: Bienvenue à Sujet Capital, un Balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme. 

Vos hôtes pour ce Balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital. 

Au programme aujourd’hui pour l’épisode #52 : 

Pour notre premier sujet, nous ferons la revue et commenterons le nouveau le compte d'épargne libre-d ‘impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) 

Et ensuite, pour notre sujet principal, nous ferons la revue de la 15eme édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales.  

Bonne écoute ! 

 

  1. Le nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété CELIAPP : 

François Doyon La Rochelle: Dans notre premier sujet d'aujourd'hui, on va revoir et commenter le compte d'épargne libre-d‘impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP). C'est un sujet qu’on a abordé dans l'épisode #45 de ce podcast en octobre 2022 mais depuis le 1er avril, puisque la législation qui régit ce type de comptes est entrée en vigueur, il est maintenant disponible. Donc on a pensé que c'était le bon moment pour revoir les bases et vous donner quelques idées de planification. 

James Parkyn: Effectivement, pour un bon nombre de nos clients et de nos auditeurs, il s'agit d'un sujet chaud qui mérite notre attention puisqu'il s'agit probablement de l'allégement fiscal le plus important jamais offert pour aider les Canadiens à économiser de l'argent en franchise d'impôt pour l'achat de leur première maison. 

François Doyon La Rochelle: Je suis totalement d'accord avec ça, donc je vais commencer en rappelant à nos auditeurs les bases du fonctionnement du CELIAPP. La première question à se poser est, qui peut ouvrir un CELIAPP? Alors, pour pouvoir ouvrir un CELIAPP, vous devez être un résident fiscal du Canada âgé de 18 à 71 ans. De plus, vous ou votre partenaire ne pouvez pas avoir été propriétaire d'une maison au cours de l'année civile en cours lors de l’ouverture ou de l'une des 4 années civiles précédentes. 

James Parkyn: Il y a une nuance intéressante ici à souligner qui est que, bien que vous ne puissiez participer qu'une seule fois au programme, si vous êtes maintenant locataire, mais que vous étiez propriétaire, disons il y a 6 ans, vous pourriez toujours vous qualifier en tant que premier propriétaire et ouvrir un compte. 

François Doyon La Rochelle: Effectivement et une fois que vous avez ouvert votre compte, vous pouvez cotiser jusqu'à 8 000 $ par année jusqu'à un maximum à vie de 40 000 $. Si vous ne cotisez pas la totalité des 8 000 $ au cours d'une année donnée, vous pouvez reporter la portion inutilisée de vos droits de cotisation jusqu'à un maximum annuel de 8 000 $. Ça veut dire que si vous cotisez moins de 8 000 $ une année, vous pouvez cotiser votre montant inutilisé au cours d'une année future. Par exemple, si vous ouvrez un CELIAPP en 2023 et que vous cotisez seulement 4 000 $, en 2024, vous serez autorisé à cotiser 12 000 $. C’est-à-dire 8 000 $ pour 2024 plus les 4 000 $ pour vos droits de cotisation inutilisés pour 2023. Ce qui est intéressant ici c’est, comme pour le REER, vos cotisations sont déductibles d'impôt, ce qui veut dire que tout montant que vous versez sera déduit de votre revenu imposable, ce qui réduira votre impôt sur le revenu.  

James Parkyn: Une stratégie de planification intéressante avec la CELIAPP pour les épargnants précoces qui commencent tout juste leur carrière et qui ne gagnent peut-être pas encore beaucoup d'argent, est que vous n'avez pas à demander de déduction au cours de l'année d'imposition où vous avez versé votre contribution. Votre montant cotisé peut être reporté et déduit dans une année ultérieure lorsque votre revenu sera plus élevé. De cette façon, vous pouvez obtenir une déduction fiscale plus importante pour votre contribution. Aussi, pour les parents qui souhaitent aider leurs enfants adultes à acheter leur première maison, puisque les règles d'attribution ne s'appliquent pas, ils peuvent donner de l'argent à leurs enfants pour leurs contributions. 

François Doyon La Rochelle: De plus, les cotisations à un CELIAPP n'ont aucun impact sur vos droits de cotisation à votre REER. Donc, si quelqu'un a la chance d’avoir les fonds nécessaires, il peut cotiser aux deux types de comptes et utiliser le remboursement d'impôt pour cotiser à son CELI. C’est important de comprendre par contre, qu’une fois que vous avez ouvert votre CELIAPP, il ne peut rester ouvert qu’un maximum de 15 ans ou jusqu'à la fin de l'année ou le titulaire du compte atteint l’âge de 71 ans. À ce moment, si les fonds n'ont pas été utilisés pour acheter une première maison, ils peuvent être transférée en franchise d'impôt dans un REER ou un FERR ou tout simplement être retirée. 

James Parkyn: Dans la plupart des cas on ne recommanderait pas de retirer les fonds car le montant retiré serait ajouté à votre revenu et imposé. Ceci dit, puisque le transfert à un REER n'aurait pas d'impact, ni ne serait limité aux droits de cotisation au REER d’une personne, il y a une autre idée de planification intéressante ici pour les locataires. Ceux qui pensent être locataires à vie, qui n'ont pas l'intention d'acheter une maison et qui ont maximisé leurs REERs, pourraient ouvrir un CELIAPP et maximiser leurs contributions. De cette façon, étant donné que les fonds accumulés dans un CELIAPP peuvent être transférés en franchise d'impôt dans un REER ordinaire, les locataires à vie généreraient effectivement 40 000 $ supplémentaires de droits de cotisation au REER.  

François Doyon La Rochelle: Ce que tu viens d’expliquer James c’est effectivement une façon déjouer système avec ce nouveau programme. Même dans le cas que vous n'êtes pas sûr d'acheter une maison dans le futur, il n'y a pas beaucoup d'inconvénients à ouvrir un compte et à verser les cotisations, car au final, si vous n'achetez pas de maison, vous pouvez transférer les fonds accumulés libre d'impôt à votre REER ou FERR. Donc, si vous n'avez pas les fonds nécessaires pour cotiser à la fois au CELIAPP et au REER, il serait logique de placer d'abord de l'argent dans le CELIAPP. Maintenant, puisqu’on parle de REER, si vous aviez l'intention d'utiliser les fonds accumulés dans votre REER pour acheter votre maison avec le Régime d'accession à la propriété (RAP), vous serez heureux d'apprendre que vous pourrez maintenant utiliser les fonds des deux types de comptes pour acheter votre maison. A titre de rappel, au début, lorsque la loi a été présentée, vous ne pouviez pas combiner l’argent du CELIAPP et celle du REER par l’entremise du RAP, maintenant c’est possible. 

James Parkyn: C'est énorme puisque les acheteurs potentiels d'une première maison pourraient ajouter un autre 35 000 $ d'acompte avec le RAP. 

François Doyon La Rochelle: Oui, c'est très intéressant, cependant contrairement au CELIAPP, le montant retiré de votre REER avec le RAP doit être remboursé dans un délai de 15 ans, à compter de la deuxième année suivant l'année du premier retrait. Donc, le RAP c'est essentiellement seulement un moyen d'emprunter de l'argent de votre REER. 

James Parkyn: Exact, et dans tous les cas, je recommanderais à quiconque qui est éligible d'ouvrir un CELIAPP de le faire le plus tôt possible pour bénéficier d'une croissance composée libre d'impôt. Si vous ouvrez votre compte tôt et que vous versez la contribution maximale chaque année, vous pourrez alors investir vos fonds de manière plus agressive puisque le compte peut rester ouvert jusqu'à 15 ans avant que vous n'ayez besoin de le décaisser pour acheter une maison ou de le transférer à votre REER ou FERR. 

François Doyon La Rochelle: Oui, en investissant le maximum tôt, soit 8 000 $ par année pendant les cinq premières années pour un total de 40 000 $ à un taux de croissance annuel de 6 %, vous pourriez avoir environ 85 000 $ dans 15 ans. Si vous combinez ce montant avec le RAP de 35 000 $, ça fait un total de 120 000 $ en mise de fonds. Si vous avez un partenaire qui a été aussi économe que vous, c'est 240 000 $ qui pourraient être disponibles pour un acompte pour l’achat de votre maison.  

James Parkyn: Oui, et encore une fois, quels que soient vos objectifs de placement, la clé c’est de laisser la magie de la capitalisation opérer pour vous. Plus tôt vous commencez, mieux vous vous retrouverez à long terme. 

François Doyon La Rochelle: James, il y a de nombreux jeunes épargnants qui se demandent quel compte priorisé quand ils commencent? Le CELI, le CELIAPP ou le REER et pour ceux qui fondent une famille et qui ont des enfants on peut même ajouter le REEE. Que recommandes-tu à ces jeunes épargnants qui ont des objectifs différents et concurrents pour leur épargne et qui ne peuvent pas contribuer à tous ces types de comptes? 

James Parkyn: Bonne question François. La réponse pour moi est probablement de faire votre CELI d'abord parce qu'il offre le plus de flexibilité, dans le sens qu'il n'y a pas de conséquences fiscales sur les fonds retirés de ce type de compte parce que vous pouvez remettre le montant retiré durant l'année d'imposition suivante. Il y aura beaucoup de promotion autour du CELIAPP et de la déductibilité fiscale des contributions, mais si pour une raison quelconque vous devez retirer les fonds, ils seront entièrement imposables et vous n'aurez pas la possibilité de remettre les fonds dans le compte. Donc, ce n’est pas une solution qui convient à tout le monde. Si vous êtes sûr d'acheter une maison et que vous disposez de revenus suffisants pour demander la déduction, le CELIAPP sera une excellente option. Vous pourriez même envisager de retirer de l’argent de votre CELI et de l'utiliser pour faire votre contribution au CELIAPP ensuite avec les économies d'impôt du CELIAPP vous pourriez remettre l’argent dans votre CELI. 

François Doyon La Rochelle: Enfin, pour le moment, il n'y a qu'une poignée d'institutions financières qui offrent actuellement ce type de compte. Quand j’ai vérifié, Questrade, la Banque Royale et la Banque Nationale étaient les seules à l'offrir mais vous pouvez être certain que les autres institutions suivront dans les mois à venir. 

James Parkyn: Enfin, si vous êtes présentement sur le point de faire l'achat d’une maison, puisqu'il n'y a pas de période de détention avant de pouvoir retirer les fonds de votre CELIAPP pour acheter une maison, vous pourriez techniquement ouvrir un compte aujourd’hui, faire votre contribution maximale pour l'année pour obtenir un remboursement d’impôt et ensuite retirer l'argent le lendemain si nécessaire. 

François Doyon La Rochelle: Oui, c'est un bon point James, merci! 

 

  1. Revue du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classe d’actifs mondiales : 

François Doyon La Rochelle: Notre sujet principal aujourd'hui est la revue de la 15eme édition du Rapport Annuel 2023 du Crédit Suisse sur les classes d’actifs mondiales.  Nos auditeurs réguliers savent que c'est une tradition annuelle.  L'année dernière, nous avons consacré beaucoup d'efforts à la préparation de notre podcast n°38, dans lequel on a revu l'édition 2022. Nous recommandons à nos auditeurs de le réécouter car le contenu (l'impact d'une inflation élevée sur les actions et les obligations et une mise à jour sur les avantages de la diversification internationale) est toujours très pertinent par rapport à ce qui se passe aujourd'hui sur les marchés financiers. James, pourrais-tu présenter à nos auditeurs les faits saillants et expliquer le but du rapport? 

James Parkyn: Absolument, pour ce qui en est du but de ce rapport, je citerai l'introduction : "Le Rapport documente les rendements à long terme des classes d’actifs mondiales sur plus d'un siècle, soit depuis 1900. L'un des principaux objectifs de ce rapport est d'aider les investisseurs à comprendre les marchés d'aujourd'hui à travers le prisme de l'histoire financière." Le rapport détaille les rendements et les risques liés aux investissements en actions, obligations, liquidités, devises et facteurs dans 35 pays et dans cinq indices composites différents. Il est produit en collaboration avec des historiens financiers renommés de la London Business School, les professeurs Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton, qui produisent la base de données DMS.  Ils sont également les co-auteurs du livre "The Triumph of the Optimists" publié en 2003.   

François Doyon La Rochelle: La révision de ce rapport est une lecture annuelle incontournable pour nous.  J'ajouterais que c'est aussi un élément essentiel de la mission de notre podcast qui est de partager avec nos auditeurs les recherches fondées sur des preuves académiques.  James, je vais commencer par te poser les deux mêmes questions que l'année dernière.  Premièrement, pourquoi, en tant que gestionnaire de portefeuille, trouves-tu le rapport utile ? 

James Parkyn: François, notre discipline, comme nos auditeurs réguliers le savent bien, est d'investir avec " l'état d'esprit de l'investisseur, axé sur le long terme ".  Nous ne voulons pas nous laisser distraire par le bruit à court terme des médias financiers et par la récente volatilité des marchés.  Ce défi est de taille et s'applique à tous les investisseurs, y compris les professionnels.  Nous l'avons souvent répété dans notre podcast : "C'est simple à dire mais pas facile à faire : Nous devons toujours être conscients que nous pouvons tomber dans le piège d'essayer de "prévoir l'avenir".  C'est pourquoi selon moi le rapport est si utile pour les gestionnaires de portefeuille.  Il nous aide à mettre en contexte les événements actuels des marchés financiers par rapport à son historique à long terme.   

François Doyon La Rochelle: Je suis d'accord, après tous les événements économiques et géopolitiques majeurs de l'année dernière, il est crucial de prendre un temps d'arrêt et de remettre en perspective l'histoire des marchés financiers pour apprécier l'importance de la gestion du risque.   

James Parkyn: Le rapport 2023, comme tous les rapports précédents, aborde la question de la nécessité d'une perspective à long terme afin de mieux comprendre le risque et le rendement des actions et des obligations.  Les événements de 2022 auraient dû rappeler aux investisseurs qu’ils doivent toujours rester aux aguets.  Larry Swedroe, auteur financier américain qu’on cite souvent,  l'a bien dit dans son article "Lessons from the Markets in 2022". Sa première leçon pour 2022 est la suivante : "Ce n'est pas parce qu'une chose ne s'est pas produite qu'elle ne peut pas se produire ou qu'elle ne se produira pas. 

François Doyon La Rochelle: J'en viens maintenant à ma deuxième question, James : quels sont les points forts du rapport de cette année ? 

James Parkyn: Pour répondre à ta question, je crois qu’il y a cinq points forts dans le rapport de cette année. Mon premier point fort est qu'ils insistent sur l'importance d'une perspective à long terme et donc d'une appréciation des lois du risque et du rendement des actions et des obligations.  Cela commence par l'explication du fait que même 20 ans de données sont une période trop courte pour être utile à la prise de décisions en matière d'allocation d'actifs.   

Je cite un extrait du rapport : "La volatilité des marchés signifie que, même sur de longues périodes, nous pouvons encore connaître des rendements "inhabituels". Prenons l'exemple d'un investisseur qui, au début de l'année 2000, se serait penché sur le rendement annualisé réel de 10,5 % des actions mondiales au cours des 20 années précédentes et l'aurait considéré comme un historique "à long terme", et donc comme une indication pour l'avenir. Mais au cours de la décennie suivante, notre investisseur aurait obtenu un rendement réel négatif de -0,6 % par an sur les actions mondiales". 

François Doyon La Rochelle: C'est tout à fait vrai et c'est pourquoi il est si important de faire attention au "biais de récence".  Le rapport parle également d'une perspective à long terme pour les obligations.  Qu’est-ce que le rapport dit, James ? 

James Parkyn: Je rappelle à nos auditeurs que pour la plupart des investisseurs, le biais de récence est basé sur ce qui s'est passé l'année dernière.  Le rapport plaide en faveur d'un horizon temporel beaucoup plus long. Ainsi, pour répondre à ta question sur les obligations, je partage une autre citation du rapport : « De longues périodes historiques sont également nécessaires pour comprendre les rendements des obligations. Au cours des 40 années qui se sont écoulées jusqu'à la fin de 2021, l'indice obligataire mondial a fourni un rendement réel annualisé de 6,3 %, ce qui n'est pas très éloigné des 7,4 % des actions mondiales. » Je pense et le rapport supporte qu’il serait insensé d'extrapoler des rendements obligataires de cette ampleur dans le futur. Le rapport poursuit et je cite : « Ces 40 années ont été un âge d'or pour les obligations, tout comme les années 1980 et 1990 ont été un âge d'or pour les actions. En fait, le rendement réel des obligations mondiales en 2022 était de -27 %. » 

François Doyon La Rochelle: Il est très difficile, voire impossible, de prévoir et d'anticiper avec succès les changements de direction du marché.  Dans notre dernier Podcast #51, nous avons abordé les résultats de la gestion active vs passive pour 2022.  La pire catégorie sur les 20 répertoriées était l'immobilier mondial avec un taux de réussite de seulement 20 %, elle a été légèrement dépassée par la catégorie des obligations d'entreprise avec un taux de réussite de 22,6 % qui elle-même a été légèrement battue par la catégorie des marchés émergents avec un taux de réussite de 23,4 %.  La grande majorité des gestionnaires actifs ont donc très mal performés par rapport aux fonds passifs dans ces classes d'actifs. 

James Parkyn: Exactement.  Mon deuxième point fort du Rapport 2023 est lié au premier, et je cite : "La prime de risque reçue historiquement en investissant dans les actions et les obligations par rapport aux bons du Trésor, existe pour une raison. C’est un rendement additionnel nécessaire pour la prise de risque liée à la volatilité négative. »  Comme nos auditeurs le savent bien, nous avons connu quatre marchés baissiers des actions depuis 2000 et nous devons être payés pour prendre un tel risque. 

François Doyon La Rochelle: C'est tout à fait logique quand on pense à 2020, avec la pandémie, le monde a connu son troisième marché baissier en moins de 20 ans.  Les marchés ont ensuite connu une reprise remarquable et la volatilité a de nouveau diminué. Cependant, en 2022, la volatilité a de nouveau augmenté, et les actions comme les obligations ont fortement chuté en raison des inquiétudes liées à l'inflation et à la hausse des taux, ainsi qu'à la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il s'agissait du quatrième marché baissier depuis 2000. Le rapport explique comment la diversification dans un portefeuille peut réduire ces risques.  

James Parkyn: Oui, mais pour bénéficier de la valeur ajoutée de la diversification, un investisseur doit accepter que ça se fait sur le long terme et qu’il peut être déçu à court terme. Le rendement négatif historique en 2022 de l'allocation classique équilibrée 60/40 actions/obligations en est le parfait exemple.  

François Doyon La Rochelle: À mon avis, ce point a également été soulevé dans le rapport de l'année dernière, à savoir que les corrélations négatives entre les actions et les obligations n'étaient pas la norme à long terme.  Le rapport indique clairement que les actions et les obligations ont eu une corrélation historiquement positive et que les 20 dernières années de corrélation négative avant 2022 n'étaient pas la norme.   

James Parkyn: Nous avons beaucoup abordé ce sujet dans les derniers podcasts.  Encore une fois, les investisseurs doivent avoir une vision à long terme. Mon troisième point fort du rapport 2023 est le thème de la stagflation.  

François Doyon La Rochelle: Pour nos auditeurs il serait peut-être bon de préciser que la stagflation est un terme issu des année 70, début 80, qui caractérise une économie avec une faible croissance, un taux de chômage élevé et accompagné d’une forte inflation.  

James Parkyn: Le rapport met en garde qu'il y a un "consensus sur le fait que les conditions reviendront à la normale avec le rétablissement d'une faible inflation".  Il cite les universitaires Arnott et Shakernia : "Un regard plus attentif sur l'histoire mettrait en évidence la rareté de ce phénomène.  Selon eux, il s'agirait d'un résultat du "meilleur quintile", le "pire quintile" étant la persistance de l'inflation pendant une décennie. 

François Doyon La Rochelle: Pour moi, ce point suppose qu’on peut prévoir l'avenir, et précisément la direction des taux d’inflation, et par le fait-même comment les marchés financiers vont réagir. 

James Parkyn: Je suis d'accord, mais le rapport montre que l'inflation et les taux d'intérêt pourraient ne pas baisser aussi rapidement que prévu si on se base sur la perspective à très long terme des données DMS qui sous-tendent le rapport. Mon quatrième point fort est le sujet dans lequel le rapport aborde la grande question : "Qu'est-ce qu'une couverture contre l'inflation ?" Par exemple, la plupart des investisseurs pensent que les actions constituent une protection contre l'inflation.  Le rapport fournit de nombreuses preuves que les actions, ainsi que les obligations, ont tendance à enregistrer des performances médiocres lorsque l'inflation est plus élevée.  Il souligne également que les actions et les obligations affichent de moins bonnes performances pendant les périodes des hausses des taux d’intérêt.  

François Doyon La Rochelle: Les actions ne sont pas, comme on le prétend souvent, la meilleure protection contre l'inflation. Le rapport montre bien que "les rendements se détériorent autant pour les actions que pour les obligations lorsque l'inflation augmente". Le rapport montre également que "les actions se sont particulièrement bien comportées en termes réels lorsque l'inflation était faible". Par contre, en période de déflation, les actions ont en fait "produit des rendements inférieurs à ceux des obligations gouvernementales". Nous en avons discuté dans le Podcast n°38 de l'année dernière. 

James Parkyn: Oui, nous en avons discuté, et le rapport 2023 souligne ce point encore très clairement cette année, en s’appuyant sur les données à long terme concernant les rendements des actions.  Je cite : « Bien que les actions aient enregistré d'excellents rendements à long terme, elles ne sont pas et n'ont jamais été la protection contre l'inflation que de nombreux observateurs ont suggérée. »  Malgré cela, on pense généralement que les actions doivent être une bonne couverture contre l'inflation dans la mesure où elles ont eu des rendements à long terme supérieurs à l'inflation. Toutefois, leur rendement élevé ex post (après coup) s'explique mieux par une prime de risque élevée pour les actions.  La nuance essentielle est la suivante : « Il est important de faire la distinction entre battre l'inflation et se couvrir contre l'inflation. » 

François Doyon La Rochelle: Les rendements des marchés financiers en 2022 l'ont prouvé. Les actions ont baissé au cours d'une année d'inflation élevée. Le rapport explique que "la plupart des professionnels de la finance sont trop jeunes pour se souvenir d'une période avec une inflation élevée, de marchés obligataires baissiers et des années où les actions et les obligations ont fortement baissé ensemble". 

James Parkyn: Le rapport fournit l'analyse à long terme nécessaire pour mettre les événements de 2022 en contexte. Je vais maintenant partager mon cinquième et dernier point fort, lorsque le rapport aborde le thème des commodités en tant que classe d'actifs et l'avantage de les détenir en période d'inflation.  

François Doyon La Rochelle: On entend beaucoup parler qu'investir dans les commodités offre une couverture contre l'inflation et qu’elles ne sont pas corrélées avec les actions et les obligations.  C’est quoi le rôle joué par les commodités en tant que classe d'actifs ? est-ce qu’elles offrent une couverture contre l'inflation que les actions n'offrent pas ?  

James Parkyn: Je cite un extrait du rapport : "Une des conclusions clés à retenir, très pertinente aujourd'hui alors que les stratégies 60/40 actions/obligations ont déçu les investisseurs, est que les contrats à terme sur les commodités s'avèrent être un "diversifiant", étant négativement corrélés avec les obligations, faiblement corrélés avec les actions et statistiquement une couverture contre l'inflation elle-même."  Cependant ils poursuivent en disant que : "Le problème est que la taille limitée de la classe d'actifs, fait en sorte que ce n’est pas une solution d’investissement. » C'est donc une bonne chose en théorie, mais ce n'est pas réaliste autant pour les investisseurs institutionnels que pour les particuliers. 

François Doyon La Rochelle: James, tu fais référence ici des contrats à terme sur les commodités mais il est intéressant aussi de soulever que le rapport s'est également penché sur l'investissement direct dans les commodités. 

James Parkyn: Les conclusions du rapport indiquent que l’achat de commodités directement n'offrent pas de couverture contre l'inflation. Je cite : « Nous constatons que les investissements dans les commodités individuelles ont eux-mêmes produit des rendements à long terme très faibles. » 

François Doyon La Rochelle: Le rapport contient d'autres éléments importants :  Comme on le dit régulièrement à nos auditeurs dans notre podcast, l'histoire peut fournir des indices sur l'avenir, mais il convient d'être prudent en matière de prévisions.  

James Parkyn: Oui, les résultats du rapport sont des moyennes à long terme couvrant de nombreuses conditions économiques différentes. En effet, les actions et les obligations sont volatiles et les rendements varient considérablement d'une année sur l'autre. Comme nous l’avons dit au début du podcast, nous avons besoin de séries chronologiques très longues pour tirer des conclusions sur les rendements des investissements. Le rapport du Crédit Suisse nous démontre que même une période de 20ans n’est souvent pas assez longue. 

François Doyon La Rochelle: James, pour conclure, compte tenu des enseignements tirés de ce rapport et du contexte de hausse des taux d'intérêt et d'inflation élevée mais qui est en lente diminution, comment les investisseurs devraient-ils envisager leurs portefeuilles aujourd'hui ? 

James Parkyn: François je crois qu’il est approprié de répéter la conclusion de notre podcast n° 38 sur le rapport 2022.  Il est également important de se rappeler que la hausse des taux et l'inflation élevée ne sont que deux facteurs de risque auxquels les investisseurs sont confrontés.  Les investisseurs en actions ont connu des périodes où les actifs sûrs, c’est à dire les obligations et les liquidités, ont été de bons contrepoids à la volatilité des actions. N'oubliez pas qu'il existe plusieurs risques différents contre lesquels vous essayez de vous défendre.  Il y aura des périodes où les obligations seront vraiment très utiles. Je recommande à nos auditeurs de toujours réfléchir à leurs objectifs à long terme, à leur profil de risque, à leur capacité à prendre des risques et à leur horizon temporel. En plus ils devraient considérer leurs plans de décaissement de leurs portefeuilles. Tous ces éléments devraient être considérés dans leurs réflexions concernant la structure de leurs portefeuilles.  

François Doyon La Rochelle: Pour conclure, je citerai un extrait du rapport : "Les mauvaises années arrivent et, lorsqu'elles se produisent, il est réconfortant de se rappeler les résultats à long terme d’avoir un portefeuille diversifié mondialement. Pour les investisseurs en actifs à risque, en particulier dans les actions, les résultats à long terme représentent vraiment le triomphe des optimistes."  

James Parkyn: C'est une excellente citation, François, et j'espère que nos auditeurs s'en inspireront. Par ailleurs, nous espérons que la récente fusion d'UBS et du Crédit Suisse en une méga-banque ne mettra pas un terme à ce rapport et qu’il y aura une édition 2024. 

 

  1. Conclusion : 

François Doyon La Rochelle: Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir. 

James Parkyn: il m’a fait plaisir Francois. 

François Doyon La Rochelle: Hé bien c’est tout pour ce 52ième épisode de Sujet Capital!  Nous espérons que vous avez aimé. 

N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com 

De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP. 

Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode qui sortira le 8 juin. 

 

A bientôt! 

Apr 12, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle discutent les sujets suivants : 

  • Dans les nouvelles : La crise de solvabilité des Banques mondiales 

  • Sujet Principal : Mise à jour sur la Gestion Active vs. Passive 

Dans cet épisode, nous invitons nos auditeurs à découvrir notre dernière fonctionnalité ci-dessous. Pour la première fois, nous partageons le script du podcast, à la demande de certains de nos auditeurs. 

 

Liens: 

-The Non-Bailout Bailout – Foreign Policy  par Adam Tooze, balado “Ones & Toozes 

-How Bank Oversight Failed: The Economy Changed, Regulators Didn’t - WSJ par Andrew Acherman, Angel Au-Yeung & Hannah Miao 

-Épisode 44 : Banques Centrales et Récessions — Sujet Capital par James Parkyn & François Doyon La Rochelle 

-It Wasn’t Just Credit Suisse. Switzerland Itself Needed Rescuing. - WSJ par Margot Patrick, Patricia Kowsmann, Drew Hinshaw & Joe Parkinson 

-SPIVA U.S. Year-End 2022 - SPIVA | S&P Dow Jones Indices (spglobal.com)  par Tim Edwards, Anu R. Ganti, Craig Lazzara, Joseph Nelesen & Davide Di Gioia 

 

Lire le script : 

  1. Introduction : 

François Doyon La Rochelle: Bienvenue à Sujet Capital, un balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme. 

Vos hôtes pour ce balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital. 

Au programme aujourd’hui pour l’épisode #51 : 

Pour notre premier sujet, nous aborderons la solvabilité des banques. 

Et ensuite, pour notre sujet principal, nous ferons le point sur les résultats de la gestion active versus la gestion passive pour 2022. 

Bonne écoute ! 

 

  1. La crise de solvabilité des Banques mondiales : 

François Doyon La Rochelle: Notre premier sujet aujourd'hui est un sujet d'actualité, c’est un sujet qui porte sur la solvabilité bancaire. James, tu vas aborder l'actualité entourant l'échec de la Silicon Valley Bank, également connue sous l'acronyme SVB, aux États-Unis et la crainte d'une contagion qui pourrait se propager à d'autres banques américaines et internationales, en particulier après l'annonce de la fusion forcée de la Banque crédit Suisse avec UBS. Il est important de noter que le crédit Suisse figurait parmi les 30 banques les plus importantes au niveau mondial. Maintenant, beaucoup de nos auditeurs se demandent si c’est le début d'une crise bancaire majeure comme nous l'avons vu il y a 15 ans en 2008-2009 avec la crise financière mondiale ? 

James Parkyn: Je peux comprendre pourquoi nos auditeurs et en fait la plupart des investisseurs seraient très inquiets à propos de ces nouvelles dans le monde bancaire. C'est partout dans la presse financière. Vous ne pouvez pas y échapper. Dans ce segment, nous essaierons de résumer ce qui s'est passé et ce qu'il est important pour que les investisseurs sachent afin qu'ils évitent de prendre de mauvaises décisions qui pourraient avoir un impact négatif sur leur plan d'investissement à long terme.  

François Doyon La Rochelle: Alors, commençons par SVB aux États-Unis. Qu’est-ce qui s’est passé et pourquoi a-t-elle échoué si rapidement ? 

James Parkyn: L'histoire de ce qui s'est passé n'est pas encore entièrement connue. Ce que nous savons jusqu'à présent, c'est que l'effondrement soudain de la Silicon Valley Bank a été provoqué en partie par les actifs qu'elle détenait (principalement des bons du Trésor américain de haute qualité) qui ont perdu de la valeur lorsque les taux d'intérêt qui ont beaucoup augmenté après avoir été près de zéro. Un mauvais appariement entre ses actifs et ses passifs a provoqué une crise de liquidité. Les événements se sont déroulés si rapidement qu'ils ressemblaient un peu à l'histoire du film américain de Noël classique "It's a Wonderful Life" de Frank Capra avec le comédien Jimmy Stewart. Certain de nos auditeurs connaissent l'histoire du film le frère de Jimmy Stewart a perdu l'argent de dépôt du Bailey Building and Loan, une caisse Populaire locale, dans une confusion d'enveloppe de dépôt à la banque appartenant au redoutable M. Potter. Très vite, la nouvelle se répandit dans la petite ville que le Bailey Building and Loan était insolvable et les clients se précipitèrent pour retirer leurs dépôts.    

François Doyon La Rochelle: Oui, je dirais que pour les anglophones que c’est un film classique du temps des fêtes, l'un des plus aimés de tous les temps. Il illustre également parfaitement une panique bancaire ou en anglais « A run on the bank ». 

James Parkyn: On peut se tourner maintenant vers L'économiste John Cochrane dans son blog intitulé "Combien de banques sont en danger ?" le 14 mars 2023, il explique selon moi le mieux la situation qui s’est produite avec la SVB. Il a dit : « SVB a échoué, essentiellement, parce qu'elle a financé un portefeuille d'obligations et de prêts à long terme avec des dépôts non assurés susceptibles de retrait sans conditions. Les taux d'intérêt ont augmenté, la valeur marchande des actifs est tombée en dessous de la valeur des dépôts. Quand les gens voudraient récupérer leur argent, la banque devrait vendre à bas prix, et il n'y en aurait pas assez pour tout le monde. Les déposants se sont précipités pour être les premiers à retirer leur argent. Et voilà, c'est ce qui est arrivé à SVB, une ruée aux guichets bancaires. 

François Doyon La Rochelle: Pour mieux comprendre, il faut se souvenir de la situation économique qui prévalait en 2022 et de ce qui l'a précipitée. L'année dernière, le problème clé pour l'économie et les banques c’était l'inflation, qui a bondi au-dessus de 5% après des décennies autour de 2%. Jusqu'à la mi-2021, la Fed avait signalé qu'elle maintiendrait les taux proches de zéro pendant des années, puis elle a radicalement changé de vitesse et a relevé les taux au rythme le plus rapide depuis le début des années 1980. De nombreux investisseurs, dont SVB, ont été pris au dépourvu par cette nouvelle réalité de taux plus élevés. 

James Parkyn: La mécanique de l'investissement obligataire est que la hausse des taux fait chuter les prix des obligations, en particulier les obligations qui n'arrivent pas à échéance avant de nombreuses années. Il a été largement rapporté que SVB privilégiait les obligations à plus long terme pour leur rendement supplémentaire. Une baisse de la valeur des avoirs obligataires d'une banque pourrait en théorie réduire son capital, C’est à dire le coussin entre l'actif et le passif qui absorbe les pertes. 

François Doyon La Rochelle: Comment les régulateurs ont-ils laissé cette situation se produire ? 

James Parkyn: Dans le WSJ du 24 mars 2023, dans un article intitulé "How Bank Oversight Failed: The Economy Changed, Regulators Didn't". L'article déclare: "Alors que les taux d'intérêt ont bondi après des années de stabilité, les régulateurs n'avaient pas pleinement anticipé l’impact que les banques subiraient sur la valeur de leurs avoirs obligataires. Jusqu'à la mi-2021, la Fed s'attendait à ce que l'ère des taux ultra bas se poursuive. Ce n'est qu’à la fin de 2022, alors que les taux avaient déjà considérablement augmenté, que les régulateurs ont averti SVB que sa modélisation du risque de taux d'intérêt était inadéquate. » 

François Doyon La Rochelle: Alors, est-ce qu’on peut dire que les régulateurs n’effectuaient pas leur travail ? 

James Parkyn: En partie oui, encore une fois le titre de l’article le dit bien. Un deuxième facteur a été l'absence de prise de conscience du danger que représentait la dépendance de la SVB à l'égard de dépôts très importants, qui pouvaient être retirés pratiquement à tout moment grâce à la technologie d’aujourd’hui. L'article du WSJ poursuit en disant : « Les banques en sont venues à dépendre davantage de ces dépôts. Les régulateurs reconnaissent qu'ils n'ont pas insisté sur une telle préoccupation parce que les gros dépôts provenaient des principaux clients de SVB et de Signature, qui, pensait-on, resteraient 

François Doyon La Rochelle: L'article du WSJ poursuit en disant : "... les dépôts ont fui beaucoup plus rapidement que jamais auparavant, aidés à la fois par la peur alimentée par les médias sociaux et par la technologie qui a permis aux gens de déplacer de grosses sommes en quelques clics sur un smartphone". J'ai du mal à croire qu'une grande banque avec un actif déclaré de 209 milliards de dollars américains échouerait à une gestion des risques aussi élémentaire. Est-ce qu’on peut dire que c'était une sorte de tempête parfaite?  

James Parkyn: Je ne le crois pas. Nous disons souvent dans notre podcast, on ne sait pas ce qu’on ne sait pas, et un événement de type Black Swan n'est pas prévisible. Le cas de la SVB, est un cas de mauvaise gestion des risques à la base très élémentaire. 

François Doyon La Rochelle: L'économiste John Cochrane dans son blog du 14 mars semble être d'accord. Il a déclaré : « Dans mon dernier article, j'ai exprimé mon étonnement que l'immense appareil de régulation bancaire n'ait pas remarqué ce risque énorme et élémentaire. Il faut mettre 2 + 2 ensembles : beaucoup de dépôts non assurés, une grande exposition au risque de taux d'intérêt. 2+2=4, ce ne sont pas des maths avancées ». 

James Parkyn: Ce n’est pas tout, il y a encore plus d’éléments à cette histoire. La réglementation bancaire dans les pays développés comme le Canada et les États-Unis exige qu'ils aient en poste un cadre supérieur dans chaque banque dans le poste de chef de la gestion des risques (Chief Risk Officer). C'est incroyable, mais au moment de l'échec, la SVB n'avait personne dans ce rôle.  

Le journaliste Ben Cohen du WSJ a écrit un article le 23 mars 2023, intitulé « C'est le poste le plus ingrat dans le secteur bancaire. Silicon Valley Bank ne l'a pas rempli pendant des mois. Il a écrit : « L'absence d'un cadre supérieur dans ce rôle pour la Silicon Valley Bank pendant huit mois critiques nous rappelle que le risque n'a pas à être excessif ou exotique pour être existentiel. L'exposition alarmante de SVB à la hausse des taux d'intérêt n'aurait pas être difficile à prévoir par la banque et les mesures pour se protéger aurait être facile à implanter. » Je suis étonné de voir comment une banque qui desservait une clientèle le plus innovant de l'économie américaine aurait pu être condamnée par une mauvaise gestion élémentaire des risques. Mais cette banque qui était une préférée du secteur de la technologie en Californie a échoué à cause de sa gestion des risques. 

François Doyon La Rochelle: Mais la SVB devait sûrement avoir d'autres processus de gestion du risque parce que la responsabilité ultime revient au PDG de la banque et au conseil d’administration.  En fin de compte, le conseil d'administration de la banque serait-il responsable? 

James Parkyn: Effectivement, le conseil est responsable. Puis même si on n’a personne en poste il faut avoir quelqu’un qui prend la responsabilité au niveau réglementaire. PWL Capital est réglementée, on a un Chef des Finances, on a un Chef de Conformité, on a un PDG qui est ultimement responsable de tout. Et on a un conseil d’administration qui supervise le Président et les activités de l’entreprise. Donc si on creuse un peu plus loin, oui je suis d'accord que même en l'absence de chef de la gestion des risques, au moins il aurait dû y avoir une personne par intérim et la réglementation aurait exigé des rapports réguliers au conseil d’administration sur la gestion du risque. Ben Cohen du WSJ l'a dit le mieux : "Bien sûr, la présence d'un directeur de la gestion des risques n'est pas nécessaire pour savoir quand la Réserve fédérale augmente les taux. Les dépôts des rapports réglementaires suggèrent que SVB était conscient de ses vulnérabilités bien avant la ruée sur la banque. : Le comité de la gestion des risques du conseil s'est réuni presque autant de fois l'an dernier (18) qu'au cours des trois années précédentes combinées (19). » Donc François, encore, nous assistons à un échec retentissant des processus de gouvernance de base. 

François Doyon La Rochelle:  Alors, qu'en est-il de la Banque Crédit Suisse et de la fusion avec UBS? Est-ce que la situation ressemble à celle de la SVB ? Quel est l'impact de la fusion du Crédit Suisse et d'UBS? 

James Parkyn: La situation est en effet différente, mais c’est un effet de rebond. Tout le monde immédiatement dans les marchés financiers a remis en question toutes les banques. Sont-elles bien gérées ou mal gérées ? C’est là qu’il y a une historique récente, dans les 10 et 15 dernières années, ou le Crédit Suisse a été souvent mis en garde par les autorités réglementaires par des grosse amandes par les milliards et on s’inquiétait de sa gestion du risque. L'historien économique Adam Tooze dans son podcast Ones and Toozes du 17 mars 2023 l'a qualifié de "choc de confiance qui a tué le Crédit Suisse". Les auditeurs réguliers se souviendront du Podcast # 44 lorsque j’ai recommandé son livre « Crashed » une œuvre magistrale qu'il a écrit sur le système bancaire pendant la crise financière mondiale. Contrairement à SVB, avec Crédit Suisse, Adam Tooze affirme qu’il ne s'agissait pas d'une crise de liquidité mais plutôt d'une crise de contrepartie…… D'autres banques mondiales et des clients importants perdaient confiance dans la viabilité à long terme du Crédit Suisse compte tenu de son historique récente de sa mauvaise gestion du risque. 

C'est aussi un enjeu majeur pour la Suisse et son rôle dans le système bancaire mondial. Un article récent du WSJ intitulé "Ce n'était pas seulement le Crédit Suisse. La Suisse elle-même avait besoin d'être sauvée ». Pour n'importe quel pays, les problèmes du Crédit Suisse seraient une urgence financière. Pour la Suisse, c’est un enjeu existentiel. Son modèle économique et son identité nationale, cultivés au fil des ans, se sont construits sur la sauvegarde des richesses et la gestion des grandes fortunes mondiales. Il ne s'agissait pas seulement d'une banque. La Suisse elle-même qui avait besoin d'être secourue. 

François Doyon La Rochelle: La crise bancaire du Crédit Suisse a ajouté la dimension de contagion mondiale à cette crise. Pour les Suisses, elle menace un modèle économique et une identité nationale. 

James Parkyn: Crédit Suisse, c’est la deuxième plus grande banque suisse et fait partie du Top 30 des banques systémiques mondiales. Donc, les autorités des pays du G20, surveillent ces 30 grandes banques et doivent respecter les normes de capital qui sont plus restrictives. Le Crédit Suisse a des problèmes de gestion des risques depuis plus d'une décennie. Adam Tooze dans son podcast du 17 mars l'a qualifié de "choc de confiance qui a tué le Crédit Suisse". Maintenant que le Crédit Suisse et UBS, la plus grande banque suisse, ont fusionné, la question qui doit se poser est : la nouvelle banque, aura plus de 50% du marché bancaire suisse, est-elle maintenant trop grande pour être renflouée si une nouvelle crise se réaliserai dans l’année ? Le WSJ a rapporté le 22 mars 2023 : « Son système bancaire est cinq fois plus grand que son produit intérieur brut et plus grand que dans la plupart des économies. UBS combiné avec le Crédit Suisse a un bilan deux fois plus grand que l'économie suisse ». C’est énorme ! On disait qu’il y avait une expression anglaise, une banque qui est « Too big to fail » ce qui veut dire que si elle est dans le trouble, le gouvernement va devoir qu’il vient à la rescousse pour la maintenir en vie. Mais dans ce cas-ci, c’est plutôt « Too big to bail ».  

François Doyon La Rochelle: Il est clair pour moi que toutes ces turbulences auront un impact sur l'élaboration des politiques des banques centrales et leurs moyens pour lutter contre l'inflation en augmentant les taux d'intérêt. La SVB qui s'effondre aux États-Unis et le sauvetage d'urgence du Crédit Suisse devrait forcer les banques centrales à sous-peser leur décision entre gérer des risques systémiques et les risques d'inflation. 

James Parkyn: Donc, on peut penser qu’il y a un certain consensus qui semble se développer surtout au Canada et aux États-Unis qu’on est à la fin de la hausse des taux. Même si c’est le cas, je pense que les hausses qu’on a eu depuis les 12 derniers mois continueraient de faire effet, selon certains économistes spécialisés, sur les banques et ça va impacter les bilans des banques ainsi que les actifs qu’ils détiennent. Ils causeront également des problèmes dans d'autres secteurs de l'économie. Je cite encore Adam Tooze, il a déclaré : « Lorsque les banques centrales augmentent les taux d'intérêt, elles essaient d'avoir un impact sur l'inflation par le biais d'événements négatifs. Avec un cycle de hausse des taux aussi rapide adopté par les banques centrales, il fallait s'attendre à ce que des chocs économiques négatifs se produisent. C'était seulement une question à savoir ce qui se plierait VS ce qui se casserait. 

François Doyon La Rochelle: Quel est le rôle des régulateurs bancaires dans ce gâchis ? 

James Parkyn: C’est une très bonne question François, je reviens sur les propos de l’ancien gouverneur de la banque de l’Angleterre, Mervyn King, que l’on a cité lors de notre podcast #44, qui invitait les Leaders des banques centrales à une réflexion sur les nouvelles stratégies à développer. Jason Zweig a écrit dans son l'article du WSJ du 17 mars et je le cite: « Au cours des deux dernières décennies, la Fed, le Trésor et d'autres autorités sont intervenues à maintes reprises pour stabiliser les marchés financiers, comme si l'échec n'était plus une option. Tout cela illustre un problème encore plus grave : les autorités centrales ne sont ni omniscientes ni omnipotentes, et leurs efforts pour extraire les risques du système peuvent le rendre plus dangereux, pas moins. Alors même que les règles se sont multipliées et que les renflouements se sont multipliés, le marché boursier américain a subi quatre krachs d'au moins 20 % depuis l'an 2000. » 

François Doyon La Rochelle: Eh bien maintenant, nous parlons de Risque Moral. Jason Zweig en parle justement: "La tentative d'éradiquer l'échec du système financier, bien sûr, fait partie de la poussée plus large de la société moderne pour rendre la vie elle-même sans risque et à l'épreuve des idiots, avec des poussettes indestructibles, des emballages de médicaments à l'épreuve des enfants, voitures presque autonomes et autres... » 

James Parkyn: Un autre chroniqueur du WSJ, Greg IP, l'a souligné dans son livre "Foolproof" publié en 2015. Il dit : « … rendre un environnement plus sûr peut endormir de nombreuses personnes dans la complaisance et la prise de risques excessifs »." Je lis également un livre écrit par l'historien financier britannique Edward Chancellor, intitulé "Le prix du temps". Ce livre décrit l’histoire et les origines des taux d'intérêt. Cet auteur fait valoir que "la tentative de contrôler le risque en abaissant les taux d'intérêt réduit le coût de la prise de risque, et finit donc par augmenter le montant global du risque dans le système". Nous avons beaucoup parlé François dans notre podcast des taux d'intérêt normalisés a plusieurs reprises dans la dernière année dans notre Podcast. Je crois que nous avons eu des taux trop bas pendant trop longtemps et trop de gens ont tenu pour acquis que ça continuerait tout simplement. 

François Doyon La Rochelle: James, quel est ton conseil pour nos auditeurs ? 

James Parkyn: En préparation de ce Podcast, je suis retourné à notre Podcast #44 sur les Banques Centrales. La grande crainte à l'automne quand on l’a publié, concernait les récessions et l'impact potentiel sur les marchés financiers. Nous avons souligné la recherche de Dimensional qui a montré que les marchés du monde entier ont récompensé les investisseurs même lorsque l'activité économique a ralenti. Beaucoup pensent maintenant que le spectre des faillites bancaires réduira les activités de faire des prêts par les banques, ce qui augmentera encore la probabilité d'une activité économique au ralentie. Nous recommandons à nos auditeurs de rester disciplinés dans leur plan d'investissement a LT et d'oublier tout le bruit du moment tel que l'inflation, les taux d'intérêt, la récession et maintenant nous pouvons ajouter à la liste les faillites bancaires. 

François Doyon La Rochelle: Oui, en effet, nos auditeurs réguliers le savent, c'est l'un de nos mantras en tant qu'investisseur discipliné avec un état d'esprit à long terme, vous ne pouvez pas prévoir l'avenir. 

James Parkyn: En conclusion François, nous nous tournons vers nos amis de Dimensional, ils ont produit un excellent article intitulé "Quand les grands titres vous inquiètent, misez sur les principes d'investissement" qui dit que : «Bien que le plan de chaque investisseur soit un peu différent, ignorer les grands titres et se concentrer sur les principes éprouvés suivants peut vous aider à éviter de faire des faux pas avec vos placements. 

1. L'incertitude est inévitable : l'incertitude n'est pas nouvelle et investir comporte des risques. 

2. La synchronisation du marché c’est-à-dire le Market Timing en EN est futile. 

3. "La diversification est votre ami", une citation attribuée au lauréat du prix Nobel Merton Miller. 

François Doyon La Rochelle: J'aime la citation suivante dans cet article : « Lorsque l'inattendu se produit, de nombreux investisseurs ont le sentiment qu'ils devraient faire quelque chose avec leurs portefeuilles. Souvent, les grands titres et les experts attisent ces sentiments avec des prédictions de scénarios négatifs et décourageants. Pour l'investisseur à long terme, cependant, planifier ce qui peut arriver est beaucoup plus approprié que d'essayer de prédire l’avenir. Comme d'habitude, nous partagerons le lien avec nos auditeurs. 

 

  1. Mise à jour sur la Gestion Active vs. Passive 

François Doyon La Rochelle: Pour notre deuxième sujet d'aujourd'hui, on va vous donner une mise à jour des résultats de la gestion active versus gestion passive pour 2022. Je crois maintenant, qu’après tous les podcasts qu’on a publiés, que la grande majorité de nos auditeurs comprennent que nous croyons dans l'efficacité des marchés et que notre philosophie d'investissement est basée sur les preuves empiriques que l'utilisation de produits d'investissement grandement diversifiés, à faible coût et gérés passivement est la meilleure façon de capturer les rendements du marché et d'augmenter les chances de succès à long terme pour nos clients. 

James Parkyn: Exactement et ça fait plus de 20 ans maintenant qu’on a adopté cette approche d'investissement basée sur la conviction que l'investissement actif est un jeu à somme négative ou en anglais « is a negative sum game ». Cependant, ça ne veut pas dire qu’on ne remet pas en question et qu’on ne consulte pas les derniers papiers de recherche et derniers articles pour nous assurer que notre philosophie d'investissement est toujours supportée par des preuves. 

François Doyon La Rochelle: Oui, et c'est pourquoi on analyse année après année le rapport SPIVA, de S&P Dow Jones Indices qui mesure les résultats des indices S&P par rapport aux fonds actifs, et aussi le rapport de Morningstar « Active vs Passive Barometer » qui mesure la performance des fonds actifs par rapport à leurs pairs passifs, pour voir si les résultats de la dernière année étaient différents des résultats des années passé. Malheureusement pour les gestionnaires actifs, cette année n'a pas été différente des années précédentes, puisqu'encore une fois les gestionnaires actifs dans leur ensemble n'ont pas été capable de battre leurs comparables passifs. 

James Parkyn: Ce que tu souligne la Francois est particulièrement intéressant après une année difficile comme 2022, lorsque les marchés boursiers et obligataires se sont exceptionnellement repliés en même temps. Le vieux discours des gestionnaires actifs est qu'une bonne gestion active surpassera les investissements passifs en période de volatilité des marchés. Donc qu’est ce qui s’est passé réellement en 2022 ? 

François Doyon La Rochelle: Eh bien, étant donné la forte volatilité du marché en 2022, on s’attendait à ce que les gestionnaires actifs aient de nombreuses opportunités de battre les stratégies passives. 

James Parkyn: En effet, on a couvert les grands événements géopolitiques et économiques dans notre podcast au cours de la dernière année, mais je pense qu’il est utile d'en souligner certains pour que nos auditeurs aient une idée des opportunités que la gestion active aurait pu exploiter pour générer de meilleurs résultats. L'année a commencé avec la guerre en Ukraine et les troubles géopolitiques qui ont suivi, ensuite on a eu l’augmentation des taux d'inflation à des niveaux très élevés ce qui a mené à la réaction rapide et forte des banques centrales pour augmenter les taux d'intérêt. Encore une fois, je ne fais que souligner ici l'évidence, mais pour en revenir à notre sujet, comment est-ce que la gestion active s'est comportée contre la gestion passive l'année dernière ? 

François Doyon La Rochelle: He bien, pour répondre à ta question, James, je vais me baser principalement sur le rapport de Morningstar appelé « Active vs passive Barometer » donc en français le baromètre actif versus passif de Morningstar. Ce rapport est assez complet, il couvre près de 8 400 fonds gérés activement aux États-Unis avec environ 15,7 billions de dollars d'actifs sous gestion. Je préfère ce rapport au SPIVA car il mesure le taux de réussite des gestionnaires actifs par rapport aux résultats de fonds gérés passivement et non seulement par rapport à des benchmarks. 

James Parkyn: C'est une nuance importante. Les « benchmark ou indices de références » du rapport Morningstar reflètent la performance réelle, nette des frais, des fonds passifs que l’on peut acheter et non simplement la performance d'un indice boursier dans lequel on ne peut pas investir sans encourir de frais. 

François Doyon La Rochelle: C’est exact James, et c'est une nuance très importante. Donc si on passe maintenant aux résultats, encore une fois, sur la base du récit selon lequel les gestionnaires actifs feront mieux en période de tension et de volatilité sur le marché, je pense que les résultats pour 2022 sont très peu concluants pour les gestionnaires actifs. 

Dans l'ensemble, sur la base des 20 catégories d'investissement différentes rapportées par Morningstar, seuls 40,5% des gestionnaires actifs ont pu battre leurs indices de référence respectifs en 2022. C’est un résultat qui est plus faible qu'en 2021, une très bonne année sur les marchés, quand 51,1 % des gestionnaires actifs ont battu leurs indices de référence. 

James Parkyn: Comme tu l’as mentionné, c'est très intéressant car ça va à l'encontre de ce que nous récite la gestion active, qu’ils seront plus performants dans les années difficiles. Donc sur les 20 catégories, quelles étaient les meilleures ? 

François Doyon La Rochelle: Sur les 20 catégories différentes, 6 d'entre elles ont un taux de réussite supérieur à 50%. Ce qui veut dire que dans chacune de ces 6 catégories plus de 50% des gestionnaires ont pu battre leurs benchmarks. À titre de comparaison, ce chiffre- en 2021 était de 7. Cela dit, les catégories qui ont le mieux faites en 2022 étaient, en premier, la catégorie des titres de petite capitalisation de type valeur avec un taux de réussite de 61%, en deuxième, la catégorie de titre de petite capitalisation de type croissance avec un taux de réussite 56,9% et le troisième était la catégorie des actions mondiale avec un taux de réussite de 56 %. Je dois mentionner, en toute objectivité, que la catégorie des actions américaines de grande capitalisation, qui est probablement la catégorie de fonds la plus importante en termes d'actifs sous gestion, figurait également parmi les meilleures catégories en 2022 avec un taux de réussite de 54,1%. Ce qui signifie que 54,1 % des gestionnaires actifs de cette catégorie ont battu leur indice de référence dans la dernière année. 

James Parkyn: C’est quoi maintenant les catégories qui ont moins bien faites ? 

François Doyon La Rochelle: La pire catégorie parmi les 20 était l’immobilier mondial avec un taux de réussite de seulement 20%, cette catégorie a été légèrement dépassée par la catégorie des obligations d'entreprises avec un taux de réussite de 22,6% et par la catégorie des actions des pays émergents avec un taux de réussite de 23,4%. 

James Parkyn: Ce que je trouve intéressant dans ces résultats, c'est que les catégories très sensibles aux taux d'intérêt comme l'immobilier mondial et la catégorie des obligations de sociétés ont été parmi les catégories les moins performantes l'année dernière. 

François Doyon La Rochelle: Effectivement, j'ai également été surpris par ces résultats et par le fait que les autres catégories de revenu fixe « ou d’obligations » comme la catégorie d’obligations à moyenne échéance et la catégorie d’obligation à rendement élevé ont également eu de mauvais résultats avec des taux de réussite faibles de 37,9 % et 27,2 % respectivement. Donc eux aussi ont grandement sous-performer leurs homologues passifs. 

James Parkyn: Wow, j'aurais pensé que dans une année comme 2022 avec toutes les discussions entourant l'inflation, les taux d'intérêt et les décisions de la banque centrale, que la gestion active aurait prévalu. On se serait attendu à ce que les gestionnaires actifs soient en mesure d'ajuster leurs portefeuilles et de tirer profit de la prévision des variations des taux d'intérêt. 

François Doyon La Rochelle: En effet James. J'ai aussi regardé les rapports SPIVA américains et canadiens de 2022 et bien que ces rapports n'analysent pas la performance de la gestion active versus la gestion passive de la même manière que Morningstar, il y avait quand même des points très intéressants dans leur rapport en ce qui concerne l'incapacité des gestionnaires actifs à surperformer leurs indices de références respectifs. Le rapport souligne que les conditions de marché pour les actions et les titres à revenu fixe ont été exceptionnellement difficiles en 2022, soulignant toutefois que ces marchés difficiles ont donné aux gestionnaires actifs de grandes opportunités pour générer une surperformance relative. Des opportunités que la grande majorité des gestionnaire actifs n'ont pas su exploiter. 

James Parkyn: Qu’est ce que tu veux dire? 

François Doyon La Rochelle: Eh bien, si on examine l'exemple fourni dans le rapport américain de SPIVA, l’indice S&P500 de type croissance et l’indice S&P500 de type valeur, qui sont tous deux des indices d'actions américaines à grande capitalisation, étaient respectivement les indices de référence pour les actions les moins performants et les plus performants en 2022. Le rapport poursuit en mentionnant qu'il y avait plus de 20 points de pourcentage qui séparaient leur performance respective pour l’année. Nos auditeurs réguliers vont se souvenir qu’on a souligné dans notre podcast #48 que les titres de valeur avaient largement surperformé les titres de croissance en 2022. 

James Parkyn: C’est vraiment étonnant, j’aurais pensé que ce type de dispersion dans les rendements auraient offert des belles opportunités pour la gestion active. 

François Doyon La Rochelle: Oui on aurait pensé, mais les gestionnaires actifs n'ont pas su saisir les opportunités puisque la majorité d'entre eux, qui ont comme indice de référence le S&P500, n'ont pas réussi à le battre. Étant donné que les actions de croissance à grande capitalisation étaient la classe d'actifs la moins performante, un gestionnaire de titre de croissance à grande capitalisation aurait pu simplement acheter des actions d'une autre classe d'actifs pour battre son indice de référence. Malgré ça, près de 74 % des gestionnaires actifs de titre de croissance à grande capitalisation n'ont pas été capable de battre leur indice de référence. 

Voici une citation du rapport SPIVA américain, "la perspective pour les meilleur gestionnaires d'actions américaines à grande capitalisation était supérieure à la moyenne et les vents favorables, même pour les gestionnaires moins performant, étaient exceptionnellement bons", le rapport poursuit en disant "un examen des différents segments de marché qui ont été les plus et les moins performants montre qu'ils auraient donner l'avantage aux gestionnaires actifs, en particulier grâce à leur capacité à s'écarter des indices pondérées en fonction de la capitalisation boursière qui ont des allocations importantes en actions américaines de grande capitalisation. 

James Parkyn: As-tu quelque chose à souligner sur les résultats à plus long terme ? 

François Doyon La Rochelle: Eh bien, pour la dernière période de 10 ans, le taux de réussite de la gestion active dans le rapport Morningstar est de 31,5 %, ce qui signifie que seulement 31,5 % des gestionnaires actifs ont pu battre leurs homologues passifs. Si on regarde les résultats sur 20 ans, le taux de réussite chute encore plus bas à 16,2 %. Dans le rapport américain SPIVA, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est qu'il donne les points de bascule des quartiles pour les fonds d'actions aux États-Unis. Ce qu'il faut retenir ici, c'est que si vous aviez acheté un fonds indiciel S&P500 ou un fonds indiciel S&P1500, vous auriez effectivement a acheté un fonds qui s'est classé dans le premier quartile de tous les fonds actifs et passifs américains au cours des dernières périodes de 5, 10 et 20 ans. 

James Parkyn: Sur la base de ces rapports, je ne pense pas qu’on va changer de sitôt notre façon d'investir. 

François Doyon La Rochelle: Non aucun changement en vue, encore une fois, je pense que c'est la preuve qu'à long terme, les investisseurs qui sont disciplinés et qui privilégie la gestion passive obtiendront des meilleurs rendements que les investisseurs actifs. 

 

  1. Conclusion : 

François Doyon La Rochelle: Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir. 

James Parkyn: il m’a fait plaisir Francois. 

François Doyon La Rochelle: Hé bien c’est tout pour ce 51ième épisode de Sujet Capital!  Nous espérons que vous avez aimé. 

N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à sujetcapital@pwlcapital.com . 

De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP. 

Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode qui sortira le 11 mai. 

A bientôt! 

Mar 22, 2023

Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle accueillent à nouveau leur collègue Raymond Kerzérho, CFA, Directeur de la recherche chez PWL. Ensemble, ils discutent de la mise à jour des Hypothèses sur les marchés financiers pour les rendements attendus intitulée "Hypothèses de planification financière", qu'il a produit avec Ben Felix, Gestionnaire de portefeuille, MBA, CFA, CFP, CIM. 

 

- Financial Planning Assumptions (Market Capitalization Weighted Portfolio) - PWL Capital  par Raymond Kerzerho & Benjamin Felix (Février 22, 2023) 

-Financial Planning Assumptions (Factor Tilted Portfolio) - PWL Capital  par Raymond Kerzerho & Benjamin Felix (Février 22, 2023) 

 

Feb 15, 2023

Dans cet épisode de Sujet Capital, James Parkyn et François Doyon La Rochelle discutent le sujet suivant à propos des placements et de la planification financière: 

  • Sujet principal: Ken French: Cinq choses que je connais sur l’investissement

 

- « Five Things I Know About Investing » par Kenneth R. French : Five Things I Know about Investing | Dimensional  

-Balado #48: Revues des marchés en 2022 & perspectives 2023 : Épisode 48 : Revues des Marchés en 2022 & Perspectives 2023 — Sujet Capital  

- « Getting Wealthy vs. Staying Wealthy » par Morgan Housel : Getting Wealthy vs. Staying Wealthy · Collab Fund 

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